mardi 26 juin 2007

Essai d'analyse de la musique de Marilyn Manson


"Je vois ma vie comme un gigantesque opéra ridicule mais nous avons besoin d'opéra" (Manson)

Cet album sort après le départ du bassiste et ami de longue date Twiggy Ramirez, remplacé par Tim Skold (guitariste bassiste suédois né en 66, ex KMFDM). Ce dernier est aussi producteur-programmeur de MM et multi-instrumentiste. Tim aurait encouragé Manson à revenir à la simplicité des touts débuts et à ne pas faire trop de prises pour les parties chantées. Manson déclare qu'il a repris goût à la musique (il a eu un passage à vide) grâce à son travail sur le titre "Tainted Love".

Les autres membres du groupe ne changent pas. (à gauche, Ginger Fish, claviers)

Cet album semble être la suite de « Antichrist superstar » plutôt que de « Mechanical Animals » ou « Holy Wood ». On y retrouve des traces de Trent Reznor (riffs lourds et rageurs et sons synthétiques, alternance de titres plus Electro ou plus Metal/Indus, mais aussi sons de piano cabaret, et contrebasse sur certains titres). Un des albums les plus accomplis de Manson, compositions plus travaillées qu’auparavant, en particulier « (s)AINT » et « mOBSCENE ». l'aspect cirque y est plus particulièrement représenté dans les titres "Theater", "The golden age..." mais aussi "Doll Dagga Buzz Buzz..." qui ressemble au balbutiement grotesque d'un clown. Egalement l'ordre (ou plutôt le non-ordre) des chansons évoque le chaos, le show burlesque. Les titres s'enchaînent en effet de façon totalement illogique.
Manson a déclaré qu’il s’agissait d’un mélange de Glam Rock Seventies et d’influences diverses. L’album a été taxé par la critique de commercial, marketing, proche du Nu-Metal (KoRn), car sous ses airs Heavy, il est plus "calme" et plus varié que les précédents, bien que le show très USA prenne le pas sur la musique par moments.


La structure des chansons s'articule autour d'un intro (riff de guitare), deux ou trois couplets, un pre chorus suivi d'un chorus (refrain), un pont et la coda. Presque toutes les chansons se terminent de façon abrupte (comme les sorties de scène de Marilyn).
Sur le plan rythmique, la pulsation est toujours très marquée, peu d'évolution du tempo au cours d'un morceau, un usage systématique de rythmes syncopés, de textes quasi rappés (on retrouve çà chez KoRn par ailleurs) et des passages ternaires bienvenus dans les riffs de guitare (dans "Ka Boom", et "Doll Dagga...", mais aussi la mesure dans "The Golden Age" à 6/8). La plupart du temps, la mesure est à 4 temps binaires. Les carrures sont aussi de 4 mesures avec de nombreuses répétitions mais aussi des variations.
L'harmonie varie entre trois et cinq accords, joués en "power chords", (quinte et octave sur la fondamentale), la guitare est presque systématiquement abaissée (corde de Mi en Ré). Les modes sont mineurs pas toujours avec sensible (son plutôt modal). On trouve des intervalles diminués ou augmentés (quintes, neuvièmes), de petites lignes chromatiques dans les Riffs de guitare, en particulier lors du "pont" (bridge).
Les Mélodies sont rares, mais on en trouve au moins une par titre (sur un court moment).
La plus intéressante sur l'album est celle de "Spade" où l'on a un Duo avec Dita, à l'octave, puis manson reprend seul le chant en octave à la fin, qui exprime son ambiguïté (au niveau de la personnalité), à mon sens. C'est peut-être le seul passage où l'on entend sa voix naturelle, qui me semble-t-il a gagné en tessiture. Sinon, la voix chuchote, se fait gutturale, parle à la façon d'une prédication, crie et hurle (en particulier dans les chorus), et chantonne en suivant la basse et la guitare dans la plupart des passages où le texte est important. Quelques effets sont utilisés, mais de façon parcimonieuse (si l'on compare avec les autres styles de métal) donnant une voix caverneuse, inquiétante, mais il utilise aussi le mégaphone dans certains titres. Lors de ses tournées, Manson me semble en difficulté, il manque de souffle, et a besoin fréquemment de sa bouteille à oxygène, la voix n'est pas placée, un travail sérieux s'impose à mon avis. Paradoxalement il est plus difficile de chanter que de crier,d'autant plus que comme je l'ai dit, la tessiture s'est étendue.
Les Choeurs ponctuent ou doublent la voix (plus rarement). Ici un choeur de filles ("dans l'esprit d'oscar Wilde") font leur apparition sur "mOBSCENE" en accentuant le côté Pom Pom girl stupides.

Le son en règle générale est très grave (surtout dans "Ka boom"), ce qui donne un caractère sombre à la musique, et se situe dans la plus pure tradition du métal. La voix de Manson chante une octave plus grave.
Les nuances vont de pianissimo à triple forte, le son est surtout accentué par les programmations de guitare (jusqu'à 8!). La plupart du temps, un énorme crescendo a lieu qui annonce le Chorus.
Au niveau de l'arrangement, les chanson les plus "écrites" à mon sens sont "this is the new (s)HIT" , "(s)AINT"et "Use your fist...". Des solos de guitare étonnants chez Manson surtout dans "Paranoir", longue chanson lyrique de 6 minutes. Mais aussi dans "Doll Dagga ...". Les programmations électro sont surtout audibles dans les intros (petits sons distordus, piano bastringue...sons industriels) et outros.
La guitare et la basse sont omniprésentes. Soutien de la voix, Riffs très toniques triple forte, petites mélodies qui relient l'ensemble, et les effets divers (bends, slides, distorsion, phaser, etc utilisés à outrance pour bâtir un mur de son et faire monter l'énergie). La batterie martèle tout le temps l'ensemble, surtout dans les Breaks (courts mais hyper toniques) qui relancent généralement le refrain ou un nouveau couplet. Sur scène, Manson apparaît avec un saxophone dont il tire des sons improbables (un hommage au swing?)

Finalement à l'écoute entière de l'album, il y a de très bonnes idées, des jeux de mots, de langage très originaux, une énergie porteuse, quelques belles mélodies. Peut-être une longueur excessive dans certains titres, ou alors cela demanderait une multiplication des petits motifs dont Tim Skold a le secret, ou un l'arrangementsoigné (à noter que Skold, souvent shooté lors des concerts, a tendance à jouer perso sur scène, et déforme les morceaux, ce qui désoriente les fans). L'ensemble reste très tonique, avec des arrangements des parties musicales qui se superposent différemment selon le passage, évitant ainsi la lourdeur des répétitions. Il y a une certaine variété dans la succession des morceaux, on ne s'ennuie pas une seconde. Les programmations sont riches de petits sons électro variés, et de micro-rythmes qui dynamisent l'ensemble. Le morceau-titre est vraiment original par rapport au style Métal, avec sa mesure ternaire et ses bruits ressemblant à un barrissement d'éléphant, et les sauts d'octave donnant un caractère de cirque à la chanson.

une des peintures de Marilyn (auto portrait je suppose)

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