mercredi 2 avril 2008

Chant et musique religieuse du Tibet

Le Tibet constitue l’une des cinq régions autonomes de la république populaire de Chine. Il s’agit d’un ensemble de hautes chaînes montagneuses dont l’altitude ne descend jamais sous les trois mille mètres, ce qui rend les conditions de vie plutôt difficiles.
La religion autochtone primitive du Tibet est généralement appelée Bon. Dans son état ancien, elle s’apparente à une sorte de chamanisme (religion asiatique fondée sur les relations avec des esprits surnaturels.
Le Bouddhisme « tibétain » (ou Lamaïsme) a été introduit dans le pays au VIIe siècle ap. JC par un moine indien, Padma Sambhava, appelé « grand Guru », c’est-à-dire « Maître Spirituel » (Lama, le dalaï-Lama étant le chef du bouddhisme tibétain). Cette religion s’appuie sur un ensemble de doctrines ayant pour support les écritures sacrées réunies dans les tantras (livres), les pratiques religieuses font appel à des techniques psychophysiologiques (méditation – Yoga) où les exercices respiratoires font l’objet d’une grande attention.
A la tête du monastère où les moines vivent en communauté, se trouve le Tulku, un moine réincarné qui doit aider ses semblables. Avant sa mort, le Tulku donne des informations qui aideront les moines à rechercher et à trouver l’enfant dans le corps duquel sa réincarnation s’effectuera.
Le tibétain n’est pas une langue indo-européenne. C’est une langue à tons, contrairement au Sanskrit et à l’Hindi. Elle comporte donc beaucoup moins de consonnes que ces deux langues et certaines lettres sont chargées de transcrire les tons de la langue parlée.


Les Lamas disent : « La religion est le son ». La récitation des mantras, le chant et l’exécution de musique instrumentale jouent un rôle fondamental dans leur culte. Pendant de nombreuses heures, jour après jour, année après année, les moines, en habit rouge, entonnent leurs prières, accroupis par terre, à la douce lumière des lampes à beurre. Leurs cérémonies comprennent les services de la liturgie régulière et différents extra liturgiques.
La musique religieuse se classe en deux catégories :
-La musique cérémonielle : celle des monastères ou celle de chaque demeure.
-La musique des drames religieux accompagnée de danses.

Dans les monastères, la vie musicale est assez intense. On utilise la musique pendant les cérémonies religieuses, pour convoquer les moines à l’office, pour faire une offrande, pour invoquer la protection des divinités, pendant les processions, pour accompagner les danses rituelles, etc…
Les rites ne peuvent être accomplis que par les moines. Dans la salle de prières, ils sont assis dans la posture de la méditation, sur des bancs placés en rangs parallèles. Toues les moines présents participent à la récitation et au chant. Certains, plus spécialisés, jouent du hautbois, de la trompe longue ou des cymbales.
Le chef du rituel est nommé par l’abbé du monastère compte tenu de son excellente mémoire des prières et de sa parfaite connaissance du rituel. Ce dernier est constitué en général d’une alternance de récitation, de chant et de musique instrumentale. La musique est due en général à un Lama de grande réputation spirituelle : son ébauche est ensuite élaborée par d’autres Lamas spécialistes. C’est donc le fait d’un travail collectif dans le temps.
Chez les moines du Tibet, le chant représente une fonction fondamentale de leur mission : ils ne chantent pas pour eux, ou pour un auditoire, mais pour les dieux. Leur langage musical est céleste et divin
LA RECITATION : Les prières peuvent être récitées de plusieurs façons en variant le tempo et l’intensité. Une même allure rythmique est suivie par tous les religieux.
LES CHANTS : ils sont parfois de forme libre, mais plus souvent versifiée, symétrique ou asymétrique.
Trois styles sont pratiqués :
-Style Ta : d’allure assez rapide, les paroles sont nettement prononcées. La gamme utilisée est pentatonique, anhémitonique. L’interprétation est parsemée d’interruptions glottales.
-Le style Gur : d’allure lente, utilisé dans les grandes assemblées de moines et pendant certaines processions.
-Le style Yang : d’allure très lente, l’émission vocale est gutturale et profonde. Le son est continu, ininterrompu. Le nombre de notes utilisées est très restreint. Tous les moines chantent à l’unisson. Ce style sert à communiquer avec les dieux.

Buddhist Chant - Shingon



Le chant Lamaïque est caractérisé par la profondeur extra-naturelle de la voix : voix d’outre-tombe qui relève d’une stricte discipline mentale. Le son semble « vomi », extirpé du bas du ventre. Il y a une certaine analogie entre ces sons vocaux et ceux des grandes trompes. Ce style est délibérément cultivé. Le chant varie entre un ton monotone altéré et un motif mélodique (maintes fois répété avec des variations) basé sur un mode défini variant entre trois et sept notes ou en descendant à partir d’une note. Il existe une notation traditionnelle pour le chant.
On chante en solo ou en chœur à l’unisson. Certains chanteurs se livrent à des variations improvisées – ceci aboutit parfois à une véritable « cacophonie ». Le chant se présente parfois a capella, mais le plus souvent accompagné d’un ensemble qui équivaut à un orchestre (passim). Il est composé d’instruments à vent placés par paires (trompes, hautbois, conques) et à percussion à ton indéterminé (tambour, tambour à boules fouettantes, cymbales).


Buddhist Monks Of Tibet - Sand Chant For World Peace



Les chants sont appris par imitation auditive et parfois visuelle : position du cou, de la bouche, etc. Le résultat est le fruit d’une longue ascèse qui exploite d’une façon peu courante les possibilités de la physiologie humaine. L’apprentissage commence vers l’âge de 5/6 ans, âge où l’enfant est confié au monastère par ses parents. L’une des techniques utilisées pour acquérir une voix très grave consiste à faire ingurgiter une grande quantité d’eau pour provoquer une série de vomissements, qui altèrent ainsi les cordes vocales.
On sélectionne très tôt (dès 12/13 ans) les futurs moines chargés de chanter les prières. Ils subissent un entraînement intensif pour « casser les cordes vocales ». L’étude de l’émission vocale se confond avec la recherche de l’identification au divin.


tashilhunpo monastery in shigatse, central tibet

Les jeunes novices qui vont pratiquer le Hautbois s’entraînent à la technique de la respiration circulaire en soufflant avec une paille dans un récipient rempli d’eau. Leur respiration est jugée correcte lorsque les bulles s’échappent de façon continue.


On peut aussi parler du chant diphonique (ou diplophonique), cette technique vocale exceptionnelle qui imite l’effet de la guimbarde en produisant simultanément un son grave continu faisant office de bourdon et un son aigu générant une mélodie harmonique.
Au Tibet, les moines des monastères Gyütö et Gyüme utilisent une technique de chant harmonique moins recherchée que le chant guttural toutefois.
Ce chant se pratique surtout en Mongolie, Touva, Bouriatie, République de l’Altaï, et Afrique du Sud (chez les Xhosa).


Gyütö monks



Les instruments de musique
L’usage des hautbois semble due à l’influence islamique. Il semblerait que la musique tibétaine ait bénéficié de nombreux apports d’Iran, de Grèce, de Turquie, de Mongolie, du Népal, de Chine et surtout de l’Inde, qui ont enrichi une expression traditionnelle originale et vivace.
Les instruments de musique:
Les instruments à vent:


- La conque (tib. doungkar) : au son lancinant. Elle symbolise la propagation au loin de l’enseignement du Bouddha.
- Les trompes courtes, ou cors (tib. kangling) : d’origine archaïque, elles étaient façonnées dans des fémurs humains (les ossements symbolisent la mort de l’ego).


- Les trompes longues (tib. doungtchèn):
Composées de tuyaux télescopiques en cuivre ou en argent, et souvent décorées avec de l’or, elles peuvent dépasser une longueur de 4 mètres. Elles émettent trois sons: grave, médium, aigu. Les joueurs de trompe émettent les sons tout d’abord doucement, puis plus fortement, avant de les laisser décroître. Elles se jouent par paires, pour assurer la continuité du son, les deux exécutants reprenant leur souffle en alternance.
- Les hautbois (tib. gyaling) : produisent des sonorités claires et stridentes, à l’inverse de celles des trompes. Elles se jouent aussi par paires. Les joueurs de hautbois doivent maîtriser le souffle continu, leur permettant de jouer tout en reprenant leur souffle, et ce pendant plusieurs minutes. Le hautbois n’a été introduit au Tibet qu’au XVIIe siècle.
- La flûte traversière (tib. treling)

Les instruments à percussion:
- Le gong(tib. kharnga)
- Les tambours (tib. nga):
- Les grands tambours (tib. ngatchèn), suspendus et pouvant mesurer un mètre de diamètre.
- Les tambours à manche (tib. lak-ngga)
- Les petits tambours suspendus (tib. gönnga)
- Le damaru: en forme de sablier muni de boules fouettantes, constitué de deux calottes crâniennes ou de bois.
- Les grandes cymbales (tib. rölmo) (avec un renflement important en leur centre) : utilisées horizontalement. Leur son est plus sourd que celui des autres cymbales.

- Les petites cymbales (plates) (tib. silnyen), tenues en position verticale, au son plus clair.
- Les petites cymbales (tib. tingshag) : au son aigu et cristallin
L’usage des cymbales est strictement codifié.

- La clochette (tib. drilbu*)
- La clochette-cymbale (tib. gshang)
La musique des rituels tibétains est parfois déroutante : l’entrée des instruments répond pourtant à un ordre précis : les cymbales dirigent, suivies par les tambours. Puis les trompes et les cors s’alignent sur leur rythme, et les cloches ponctuent le tout. Par contre, les hautbois et la conque suivent une ligne plus indépendante.
La musique rituelle est offerte aux divinités, et illustre donc les séquences d’offrandes, la fin des louanges, ou la joie des souhaits auspicieux lors des cérémonies.

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Sur la musique Tibétaine

Sur les instruments

Actualités sur le Tibet

mardi 19 février 2008

MILES DAVIS: sommaire



-Le Cool Jazz et le West Coast Jazz

-Miles Davis

-Les grandes étapes de la carrière de Miles davis (videos diverses)

LE COOL JAZZ OU WEST COAST JAZZ

Je suis en train d'écouter cet album de Miles davis: "Birth of the cool" mais j'écoute aussi celui de Gerry Mulligan (1992) "The rebirth of the cool" qui est un remake qui malheureusement n'a pas pu réunir tous les musiciens, du fait de la mort de Miles Davis en 91. Il fut donc remplacé par Wallace Roney.

Le Cool Jazz n'est pas à proprement parler un "style", c'est en fait un courant de jazz datant des années 50 (bien qu'on en trouve déjà des prémisces dans les années 20 et 30 chez des musiciens tels que Lester Young et Bix beiderbecke). A cette époque, le Be Bop est le style pratiqué par la plupart des musiciens de Jazz.
Le Cool Jazz se caractérise en fait par une interprétation plus détendue, un son plus doux et sensuel, un phrasé peu accentué et très peu de vibrato. Les lignes mélodiques sont plus lentes, et harmonieuses, les arrangements très raffinés. C'est aussi un Jazz "de chambre". Les formations n'excèdent pas une dizaine de musiciens. Lester Young est l'idole des musiciens de Cool. Le répertoire est varié, il peut emprunter au swing de Count basie, aussi bien qu'aux pièces de Davis ou au néoclassicisme des orchestres blancs.
Il a été dit que ce mouvement reflétait l'ambiance d'après guerre, plutôt pessimiste, intellectuelle et ne sortant pas trop d'une certaine réserve sur le plan émotionnel. Il rencontrera le succès bien plus tard.

L'initiateur du mouvement est Miles davis, trompettiste (1926-1991). En 1948, il recrute des musiciens (Gerry Mulligan, John Lewis, Lee Konitz, mais aussi Gil Evans). Tous participeront à l'élaboration de "Birth of the Cool", Gil Evans étant l'arrangeur. Cet album va rester l'emblème du mouvement Cool, mis à part les enregistrements du quartet et du tentet de Mulligan.

En marge de cette école, il faut citer le pianiste Lennie Tristano qui, avec Lee Konitz et Warne Marsh va définir une esthétique Cool plus ascétique, qui se concentrera encore plus sur les lignes mélodiques des morceaux.

Mais le Cool Jazz c'est aussi le célèbre quintet de dave Brubeck et Paul Desmond.

Les représentants du Cool Jazz les plus connus sont donc: Miles Davis, Chet Baker, Gerry Mulligan, Lennie Tristano, Lee Konitz, Dave Brubeck et Stan Getz.


Le CoolJazz est souvent associé au mouvement "West Coast Jazz" joué en californie par des musiciens blancs travaillant dans les studios hollywoodiens. Parmi eux, Shorty Rogers, Chet Baker (trompettistes), et Shelty Mann (batteur).
En 1951, l'album de Rogers, "Modern Sounds" et les enregistrements de Gerry Mulligan avec son quartet sans piano avec Chet baker (1952) sont les plus représentatifs du genre.

Leurs influences: le Be Bop pour sa virtuosité et ses innovations), Lester Young (et son jeu détendu, Lennie Tristano (son expérience pré-free), le Swing de Count Basie, et les compositeurs du XXe siècle tels que Ravel et Debussy.
Ils savent lire les partitions et ont une solide formation musicale (contrepoint, harmonie, musicalité de l'interprétation). Les arrangements sont écrits et soignés, la musique écrite et l'improvisation sont intimement liées. D'autre part les formations incluent des instruments de l'orchestre symphonique tels que le Cor, le Tuba, ou le Hautbois. C'est un peu une fusion du jazz et du Classique.

L'album "Birth of the Cool" , en deux sessions fut enregistré en 1949 et 1950. La formation: un nonette (9 musiciens, dont Miles davis, Gerry Mulligan, Bill Barber, John Lewis, Lee Konitz et Kenny Clarke). Les arrangements sont de Gil Evans. L'album fut un échec commercial, bien qu'il ait inspiré des générations de musiciens par la suite, y compris le style "acidjazz" des groupes comme Portishead ou Massive Attack, mais aussi Björk ou Jamiroquai.
Cet album marque un tournant essentiel dans l'histoire du Jazz. Miles davis, lors de son voyage en Europe à Paris a découvert l'existentialisme, il en résulte une méfiance et une remise en question de l'expression jusque là plutôt extravertie des sentiments. Miles davis va rechercher un nouveau son. Il voudrait réconcilier le raffinement du Big Band et la tranparence des petites formations. L'orchestration sera donc légère (trombone, tuba, cors, saxophones). Cela donnera naissance à une musique calme, cristalline mais non privée d'énergie, simplement elle est plus abstraite, plus intellectuelle, plus "froide". Les solos mettent en valeur le son global de la formation plutôt que l'interprète soliste. La notion de temps (carrures, tempo) aussi est changée. Cela se voit particulièrement sur 2 compositions: "Jeru" et "Godchild". La carrure habituelle de 4 temps du jazz disparaît, le nombre impair de temps ou de mesures introduit une asymétrie dans la forme, il y a donc une fusion de l'arrangement et de l'improvisation, comme je l'ai dit. Jusque là on n'avait pas trop touché au cadre des morceaux, sauf peut-être Ellington qui associait ses standards à de grandes formes classiques comme le concerto, la symphonie, etc).

"Jeru" - Birth of the Cool


Lennie tristano berlin 1965

lundi 18 février 2008

Miles Davis

Si l’on devait définir Miles Davis en quelques phrases, il faudrait retenir ceci :

Miles Davis, c’est d’abord un son qui reflète une grande sensibilité musicale.
La fragilité qu’il arrive à donner au son qu’il produit et un jeu calme.
C’est aussi la capacité de s’entourer de jeunes musiciens dont il sait tirer le meilleur parti.
C’est enfin une conception progressiste de la musique et plus particulièrement du jazz.

Miles Davis, né en 1926 dans l’Illinois est décédé en 1991 à Santa Monica en Californie.
Il fut l’un des plus grands visionnaires et l’une des plus importantes figures du Jazz.

Issu d’une famille aisée de Saint-Louis, son amour pour la trompette commença à l’âge de 9 ans, âge auquel son oncle lui offrit l’instrument.. Ses parents et sa grand-mère étaient eux-mêmes musiciens.
Il devint un phénomène local et tourna dans sa région avec le Billy Eckstine Band alors qu’il était encore au lycée. Il partit pour New-York pour s’inscrire à la Juilliard School of Music mais la quitta rapidement. En fait, son intention était de rencontrer Charlie Parker et Dizzie Gillespie et de jouer avec eux. Il se hissa rapidement au sommet en apprenant beaucoup de Bird et Gillespie et devint le trompettiste du groupe de Charlie Parker pendant 3 ans environ.

Il fonda son premier groupe en 1949, la première de nombreuses fois où il essaya de donner au Jazz une nouvelle direction. Avec l’arrangeur Gil Evans, il créa un nonette (9 musiciens) qui utilisait des instruments non traditionnels dans le Jazz, comme le tuba et le cor. Il inventa un style plus subtil, qui devint connu sous le nom de « Cool Jazz ». Ce style influença beaucoup de musiciens qui au départ jouaient sur la Côte Ouest et il explora davantage ce style.

Les enregistrements du nonette sous le label Capitol Records furent nommés « The Birth of the Cool ». Le groupe comprenait parmi d’autres Konitz, Gerry Mulligan et Max Roach. C’est l’une des premières fois où Miles démontra une tendance récurrente qui en mettait plus d’un en colère: il employait des musiciens sans distinction de race. Il déclara une fois qu’il aurait donné un boulot à un gars à la peau verte tant que celui-ci jouerait comme Lee Konitz. Après avoir passé 4 ans à combattre une addiction à l’héroïne, il y parvint en s’inspirant de la discipline d’un boxeur, Sugar Ray Robinson.
Après une performance triomphante du classique de Thelonious Monk, Round midnight en 1955 au festival de Jazz de Newport, il devint un incontournable de la scène jazz.

Il fonda un quintette permanent qui comprenait John Coltrane, Red Garland, "Philly Joe" Jones et Paul Chambers. Miles avait le don d’entendre la musique dans sa tête et de faire jouer ensemble un groupe de musiciens incroyables dont les styles contrastés pouvaient atteindre en se rencontrant le résultat final qu’il recherchait. Il ajouta plus tard un 6e membre, Cannonball Adderley et remplaça Jones et Garland par Jimmy Cobb et Bill Evans.

A la fin des années 50, ses groupes popularisèrent le Jazz Modal et il lança une nouvelle direction dans le Jazz. Il produisit 2 classiques supplémentaires avec le Sextuor pendant ce temps, Milestones et Kind of Blue.
Ensuite, la plupart des membres du groupe partirent fonder leurs propres formations, ce qui fut une constante pendant toute la carrière de Miles davis.
Parmi les solistes issus des groupes de Davis on trouvait : John Coltrane, Cannonball Adderly, Red Garland, "Philly" Jo Jones, Bill Evans, Wayne Shorter, Joe Zawinul (Shorter et Zawinul formeront le groupe de fusion Weather Report), Keith Jarrett, Tony Williams, Herbie Hancock, John McGlaughlin, Chick Corea, John Scofield, Kenny Garrett, Mike Stern et Bob Berg.

Pendant ce temps, Miles et Gil Evans collaborèrent à nouveau et firent un nouvel album, Sketches of Spain dans lequel Miles Davis jouait de la musique Flamenco espagnole accompagnée par un orchestre. Son timbre était si beau et clair qu’on aurait presque dit que sa trompette chantait. Après avoir fait de nouvelles expériences avec des groupes différents pendant 3 ans, Miles, à la fin de la trentaine fusionna son groupe avec de jeunes musiciens pour initier de nouvelles idées. En 1963 il créa son 2e quintette légendaire :Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et son protégé le batteur de 16 ans Tony Williams.

Pendant 5 ans ce groupe poussa les limites de la liberté et produit un Jazz original et fougueux.
En 1968 Miles rajouta Joe Zawinul comme 2nd clavier et à partir de ce moment commença à expérimenter les instruments électriques. Il produisit le classique In a Silent Way et un an plus tard il ajouta le guitariste anglais John McLaughlin et remplaça Tony Williams (qui est parti son propre groupe) par Jack DeJohnette.

Puis il lança à nouveau une nouvelle direction dans le jazz avec l’album Bitches Brew dans lequel il faisait fusionner le Rock et le jazz et s’installa plus profondément dans la musique électrique. Cet album fut le premier qui consacra la fusion qui devait amener le Jazz à un niveau de popularité plus large.
Au début des années 70, Miles continua ses expériences avec les instruments électriques et fusionna sa musique avec le Funk. En 1976, la combinaison d’une mauvaise santé, de l’usage de la cocaïne et un manque d’inspiration furent la cause d’une pause de 5 ans. Il réussit à vaincre la cocaïne, retrouva l’inspiration et revint en 81 avec une série d’albums.
Il continua à pousser les limites du jazz car il n’était pas homme à se reposer sur ses lauriers et à jouer de la musique dépassée. Il commença à faire de plus en plus d’expériences avec les synthétiseurs et à utiliser des techniques de studio dans ses enregistrements.
Il gagna une série de Grammy Awards pendant cette décennie et continua à tourner avec des solistes comme Garrett, Stern et Berg, déjà cités.
Miles Davis est décédé en 91.

Les grandes périodes de la carrière de Miles Davis

Les grandes périodes de la carrière de Miles Davis
Miles Davis était le "Picasso du Jazz," se renouvelant sans fin lui-même ainsi que son jeu dans sa quête musicale. Il fut un artiste qui défia (et méprisa) la catégorisation et pourtant il fut le pionnier et l’innovateur de plusieurs mouvements musicaux distincts et importants.

La période “Kind of blue”.
Miles & 'Trane - Kind Of Blue Period (1955-1961)
The Collaboration That Created the Greatest Jazz Album of All Time

Miles débuta sa collaboration chez Columbia Records en 55 avec 'Round About Midnight qui établit son premier quintette classique et le style Hard Bop. John Coltrane, découvert par Miles davis commença à développer une solide réputation parmi les musiciens.

Round Midnight (Stockhölm, 67)


Milestones (58) montrait la première utilisation par Davis des modes, et rejoint par Cannonball Adderly (saxo alto) le groupe devint un sextette puissant. Cet album introduit les premiers éléments de la musique modale. Dans l’album de Cannonball Adderly, il interprètait Autumn Leaves (les feuilles mortes).
Autumn leaves


Les sessions de 58 introduisirent Bill Evans dans le monde de Miles Davis et l’influence d’Evans fut évidente par rapport aux premières sessions.
L’attitude de Miles devint encore plus unicentrée et romantique et le résultat fut l’enregistrement de Kind of Blue (59), que beaucoup considèrent comme l’un des chefs d’oeuvres du Jazz. Album improvisé autour de trames qu’il avait composées. Le son était mis avant tout. Le riff de « So What » était en mode dorien (une grille de deux accords : Ré-Mi bémol)
So what


Someday My Prince will come amena Davis a un arrangement plus Funky avec Hank Mobley et Wynton Kelly rejoignant Paul Chambers et Jimmy Cobb. Coltrane fut rajouté au groupe pour l’enregistrement de deux titres.

La période “sketches of spain
Miles & Gil - Sketches Of Spain Period (1957-1968)
Like Minds — The Genius of Miles Davis & Gil Evans

Ces albums sont des exemples définitifs de la façon dont la voix de Miles davis était le catalyseur des orchestrations luxuriantes et sympathiques de Gil Evans.
Miles Ahead (57) fut la première production majeure dont Colombia se chargea au nom de Miles et la musique était puissante et excitante. Porgy and Bess (58) prolongea les efforts collaboratifs de Davis et Evans avec cet enregistrement illustre. Pour Porgy and Bess, Gil Evans apporta l’accompagnement à Miles davis qui permit à celui-ci d’être le « chanteur de chansons » que Gil voulait qu’il soit.
I love you Porgy


Sketches of Pain 59-60 (basé sur le « Concerto d’Aranjuez » pour guitare et orchestre de Rodrigo) fut le mélange de musique Jazz et Classique le plus réussi et créa pour Miles un son qu’il développa plus loin dans sa carrière. Quiet Nights était une tentative de définition du son Brésilien qui devenait à la mode au début des années 60. L’album a de très beaux moments, mais n’a pas survécu aux trois autres.
Sketches of pain : Concerto d’Aranjuez de Rodrigo


La deuxième grande période du Quintette
The Second Great Quintet Period (1965-1968)
Miles & His Disciples — Daring, Ferocious, Mysterious

Quand Miles rassembla Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams il avait un groupe qui était à cheval sur à la fois les traditions du Jazz et les nouvelles frontières avant-gardistes. Miles déclara avoir beaucoup appris à leur contact.
ESP (65) fut le premier enregistrement studio qui permit de capter l’interaction et le potentiel créatif que le groupe allait développer. Il reprenait des standards de Davis comme « My Funny Valentine ».
My Funny Valentine accompagné par Victor H. (High School Sophomore)



Miles Smiles (66) est l’un des meilleurs albums de Jazz de chambre que Miles a fait et la musique était audacieuse et féroce. Sorcerer et Nefertiti (67) sont de mytérieux albums qui ont capté le côté impressionniste du Quintette. Les deux albums furent enregistrés pendant les mois de Juin et Juillet 1967 et reflètent le groupe au cours de leur travail.
Miles In the Sky (68) mit l’accent sur le changement de cap que Miles cherchait en ajoutant le Piano électrique Fender Rhodes à son arsenal de son aussi bien que l’incorporation du Funk dans la palette rythmique du groupe. Ce groupe était l’un des plus influents du jazz. Le Complete Live at the Plugged Nickel capte le groupe en concert et les méthodes de travail sont montrées dans le coffret.

La période électrique
The Electric Period - Rock, Fusion, Funk (1968-1972)
Miles Goes Electric — A Journey That Changed the Jazz World Forever

Une fois que Miles s’était engagé à faire évoluer sa musique, il entama une tournée qui changea le monde du Jazz à jamais. En 1968, il commença à utiliser exclusivement des claviers électriques et bientôt une basse et une guitare électriques, la percussion et la clarinette basse faisant leur entrée dans la façon mystérieuse de Miles d’utiliser la couleur musicale.
Water Babies était une collection de sessions qui sortit en 1976 – huit ans après leur enregistrement – et cela sonnait comme si c’était nouveau. Filles de Kilimandjaro (68) était un changement de cap qui définit l’intrusion de Miles dans le monde du Rock’n’Roll. In a Silent Way (69) fut un enregistrement important dans le sens où cela démontrait le bon côté de l’influence du Rock sur la musique de Miles.
In a silent Way (paris, 91)


Quoi qu’il en soit, Bitches Brew (70) fut l’album capital de Miles, qui se vendit à plus de 400 000 copies dès la première année de sa sortie. Toutes les stars majeures de la fusion des années 70 (John MacLaughlin et Joe Zawinul) apparaissent sur cet enregistrement et Miles connut le succès aussi bien que la controverse. Cet album est considéré par les critiques comme une grande cassure entre le Jazz traditionnel et la mutation du Jazz. Il montrait une approche plus ouverte de l’improvisation, et contient des collages d’extraits des prises de studio.
Bitches Brew


Il ajouta à son groupe des sitars et des tablas. Les titres issus de ces séances («Great Expectations », « Orange Lady », « Lonely Fire » furent publiés en 74 dans l’album Big Fun. A partir de 70, il inclut l’influence du Funk (James Brown, Sly & the Family Stone).
Lonely Fire

A Tribute To Jack Johnson (70) est le seul album de Miles totalement influencé par le Rock et fut utilisé comme bande-son d’un documentaire sur le fameux boxeur. A l’occasion d’un enregistrement dans un club de Washington il embaucha Michael henderson ancien musicien de studio pour Motown et membre du groupe de Stevie Wonder. Son style Funky, basé sur des lignes répétitives influença Miles.
Live-Evil (71) était un mélange d’expériences en studio et d’un concert live de Washington, DC.
Live Evil, ca 71

Black Beauty et Live at Fillmore captèrent le groupe de Miles à son sommet de créativité et d’intensité alors que Miles repoussait les limites du Jazz et du Rock.
On The Corner (72) était une tentative de Miles d’atteindre le public de la jeunesse noire qui lui avait échappé. C’est un chef d’œuvre de Jazz-Funk. Miles utilisait la pédale wah-wah
pour distordre les sons de sa trompette. Celui-ci devint également un enregistrement très controversé à ce moment-là, mais qui est considéré aujourd’hui comme d’avant-garde, avec l’utilisation de doublage, de boucles, et de rythmes de danse intenses. La forme exposition du thème –soli- réexposition explosait. L’album reflètait une nouvelle approche constante de la musique (déstructuration-restructuration) et l’importance de l’improvisation.
On the corner (76)

In Concert, Dark Magus, Pangaea et Agharta (75) furent enregistrés en concert et représentèrent le groupe de Miles dans son aspect le plus abstrait et atmosphérique, avec l’usage de trois guitares et de longues improvisations. Get up with it fut le dernier enregistrement studio de Miles à paraître avant qu’il se retire de la scène en 1976, et contenait un hommage beau et entêtant à Duke Ellington.

Les derniers travaux
The Man With A Horn & Beyond — The Later Works
Miles On The Comeback

Quand Davis revint à une vie musicale active en 1980, il avait un nouveau groupe et un son qui était contemporain mais plus aussi abstrait. The Man with a Horn (81) est le premier enregistrement de cette période et permit à Miles de revenir sous les feux de la rampe. We want Miles (82) montra sa nouvelle tournée avec son groupe en concert et draina de nouveaux jeunes fans dans le monde de Miles grâce à cela. Il joua alors le rôle d’initiateur, de passeur qui permettrait à de nombreux amateurs de musique plus rock de découvrir la beauté d’un silence, d’une respiration au sein d’une harmonie gorgée d’émotions et d’énergie.
« Jean-Pierre » est l’ un de ces classiques.
Jean-Pierre


Decoy et You’re under Arrest (83 à 86) furent des albums studios qui montraient que Miles écoutait toujours la musique noire contemporaine et la rendait très personnellement. On y trouve des citations de Michael Jackson et de Cindy Lauper.

You’re under arrest


Aura fut le dernier grand enregistrement, qui utilisait un orchestre qui interprètait une suite écrite spécialement pour lui. Au contraire des autres enregistrements des années 80, Aura était un album à dominante acoustique qui rappelait des souvenirs du Miles des premières années aux oreilles de ses fans.
Le dernier album posthume, « Doo Bop » (92) fut une collaboration avec des musiciens de Hip Hop (section rythmique) et de rap (chant).
Doo Bop Song (92)


Quelques citations :
« Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit de jouer les plus belles ? »
« La véritable musique est le silence, les notes ne font qu’encadrer ce silence ».


Miles Davis était aussi peintre amateur. Les peintures de Miles davis ici.