dimanche 22 avril 2007

PETROUCHKA (STRAVINSKY)

Les personnages de Petrouchka

Cet article accompagne un projet que j'essaie de monter avec l'Orchestre d'Ile de France, autour de cette oeuvre qui sera donnée en Mai à la salle Pleyel, et que je réserve à une classe de 6ème. En effet il est possible de travailler en classe et en atelier autour de la musique, du ballet, du synopsis, des marionnettes, mais aussi de créer sur ces thèmes des petites scènes éventuellement avec des marionnettes, des dessins, voire un déplacement scénique sur la musique (l'un fait la marionnette, l'autre mime la manipulation). Au cours de l'année des musiciens et un médiateur pourraient nous visiter pour mettre en musique les travaux des élèves, qui à leur tour iraient les voir en répétition, et pourraient le jour du concert apporter leurs travaux pour décorer la salle.

ça semble plutôt sympa. Il faut juste que je monte le projet pour faire une demande de budget. Mais même sans beaucoup de sous, une à trois visites me semblent maximales pour ne pas lasser les élèves.

Je vais donc présenter cette oeuvre, ne serait-ce que pour mettre le synopsis à disposition de ceux ou celles qui voudront participer avec moi à ce projet.


Petrouchka est une oeuvre de Stravinsky qui date de 1910-1911. Elle a été composée juste après "L'oiseau de Feu" et tout juste avant "Le sacre du Printemps". C'est un Ballet ("scènes burlesques") en 4 tableaux qui fut créé au Châtelet à Paris par les Ballets Russes de Diaghilev, avec Nijinsky dans le rôle de Petrouchka. C'est la première grande oeuvre composée par Stravinsky hors de Russie.


Il s'agit d'un Conte folklorique, l'histoire d'une poupée dont le corps n'est composé que de sciure bourrée de paille, mais qui est doté de vie et d'amour. Petrouchka est aux Russes ce que Pinocchio est aux Italiens. Cette poupée renvoie à l'illustration d'une passion réelle, qui l'incite à vivre une vie humaine impossible pour lui. Ses déplacements parfois saccadés et maladroits, illustrent la douleur des émotions humaines enfermées dans un corps de tissu. Les trois personnages principaux constituent le Trio éternel de la Comédie (Pierrot, Colombine et Arlequin de la Commedia dell'Arte, le mari, la femme, l'amant dans le drame bourgeois).





SYNOPSIS
1er Tableau : La foire de Mardi Gras
- introduction
- la cabine du charlatan
- danse russe

La grande fête populaire de la Semaine Grasse (maslenitsa en russe) à Saint Petersbourg, vers 1830 (c’est une réunion populaire où règnent la joie et l’amusement quelques jours avant un recueillement pieux) : un petit théâtre de marionnettes. Le charlatan anime les trois poupées : Petrouchka, la ballerine et le Maure.
L’orchestration et les rythmes aux changements rapides illustrent bien la hâte et les mouvements de la fête. Une rectifieuse d’organes et une danseuse amusent la foule. Les tambours annoncent l’arrivée d’un vieux mage, qui capte l’attention de tout le monde. Un rideau s’ouvre alors pour laisser apparaître la curiosité, accompagnée de trois poupées, Petrouchka, la ballerine et le Maure. Le vieux mage joue de la flûte pour user de son pouvoir magique. Il donne vie aux poupées, qui se mettent à s’animer et s’agitent dans une « Danse Russe », devant la foule ébahie.

2ème tableau : Chez Petrouchka Dans la chambre de Petrouchka. Le charlatan a donné à ses marionnettes des sentiments humains. Petrouchka est désespéré par son aspect hideux incompatible avec son amour pour la ballerine. Il tente de se suicider.

Les murs chez Petrouchka sont très sombres, décorés de quelques étoiles, d’une lune en croissant, et d’un portrait du vieux mage fronçant les sourcils. La poupée attend devant sa chambre, mais un bruit fracassant annonce l’arrivée de son maître, qui la projette d’un coup de pied dans sa cellule. Petrouchka mène une vie morne et solitaire derrière ses barreaux. Son seul réconfort, il le trouve dans l’amour qu’il porte à la poupée ballerine. Le portrait du vieux mage suffit à lui seul à rappeler à Petrouchka qu’il n’est qu’une marionnette, et qu’il doit rester docile et humble. Petrouchka n’est qu’une marionnette, mais il a des sentiments humains (amour pour la ballerine, amertume envers le vieux mage). La ballerine entre en scène et Petrouchka tente de lui révéler son amour, mais elle le rejette aussitôt, le qualifiant de pathétique. Elle préfère batifoler avec le Maure, ce qui anéantit Petrouchka.


3ème tableau : Chez le Maure
-chez le Maure
-danse de la ballerine
-valse de la Ballerine et du Maure

Dans la chambre du Maure. Scène d’amour entre le Maure et la ballerine, interrompue par l’arrivée soudaine de Petrouchka qui est jaloux. Le Maure le met dehors.
Le Maure vit dans une chambre gaie, décorée de toutes parts. Installé dans son salon, il joue avec une noix de coco. Les couleurs qui émanent de la pièce inspirent la joie et la fête (rouge, vert et bleu). Le Maure préfère la joie de sa chambre plutôt que d’aller consoler le pauvre Petrouchka. La ballerine placée dans la chambre du Maure par le magicien entame une danse chatoyante pour séduire le Maure. Il la rejoint dans sa danse. Petrouchka broie du noir dans sa cellule. Le Mage l’emporte dans celle du Maure pour interrompre la séduction de la ballerine. Petrouchka attaque alors le Maure, mais réalise qu’il est trop petit et trop faible pour battre son rival. Le Maure finit par le chasser.

4ème tableau : La foire de Mardi Gras (la nuit)
-danse des infirmières humides
-le paysan et son ours dansant
-le joyeux négociant et deux bohémiennes
-danse des personnalités et de leurs suivants
-les artistes de théâtre
-le combat entre le Maure et Petrouchka
-mort de Petrouchka
-Vision du fantôme de Petrouchka
Le soir, la fête populaire continue. Petrouchka est suivi par le Maure qui le tue. Il meurt au milieu de la foule. La ballerine et le Maure ont disparu. Le charlatan rassure la foule et rappelle que ce n’était qu’un pantin. La foule se disperse et le fantôme de Petrouchka apparaît. Pendant la fête de Mardi Gras, une série de scènes apparaissent puis disparaissent. L’orchestre se transforme en véritable fanfare, jouant une suite de danses. Arrive ensuite un paysan et son ours dansant, suivis d’un marchand, de Bohémiens et de personnalités diverses. Après que la foule et la fête s’installent, un cri surgit du stand de marionnettes. Le Maure poursuit Petrouchka avec une hache et le tue. Le Maure devient alors la métaphore de l’indifférence aux sentiments humains. La police questionne le vieux mage, qui cherche à calmer l’ardeur de la foule consternée, en secouant les restes de paille et de sciure de Petrouchka, pour rappeler à tout le monde que ce n’était qu’une poupée sans âme, à la tête de bois. La nuit tombe et la foule se disperse, tandis que le mage s’en va, emportant avec lui le corps mou de Petrouchka. Maintenant que la place est vide, le vieux mage aperçoit avec frayeur le fantôme de Petrouchka (ou son âme, l’âme du peuple Russe), le narguer au-dessus de sa baraque, et s’enfuit apeuré. Petrouchka s’effondre alors, se balançant dans le vide, sans vie. La scène se termine et laisse le spectateur juger de ce qui fut réel ou non. Selon Boulez, le tour de passe-passe final, l’apparition de la marionnette au-dessus du castelet résume l’énigme Stravinsky, « ce mélange insolite d’agressivité et de poésie, de familiarité et de candeur, de bonne humeur et de mélancolie ».

MUSIQUE
L’œuvre est composée pour un très grand orchestre, dont les Bois se groupent par 5. (4 flûtes, 2 piccolos, 4 hautbois, cor anglais, 4 bassons, contrebasson, 4 cors, 2 trompettes, trompette piccolo, 2 cornets, 3 trombones, tuba, percussion, timbales, piano, célesta, 2 harpes, 18 premiers violons et 16 seconds violons, 14 altos, 12 violoncelles et 10 contrebasses. Le Piano y joue un rôle prépondérant. L’œuvre dure 34 minutes.
En 1947, Stravinsky revisitera Petrouchka (il réduit l’effectif de l’orchestre). Cette version ajoute un fortissimo à la conclusion de l’œuvre, au piano. Il rajoute des parties de piano là où elles doivent rappeler les tourments de Petrouchka (dans les 3èmes et 4èmes tableaux).
Debussy apprécia cette pièce.
Stravinsky dit avoir eu la vision d’un pantin subitement déchaîné qui, par ses cascades d’arpèges diaboliques, exaspère la patience de l’orchestre, qui lui répond par des fanfares menaçantes. Il s’ensuit une terrible bagarre qui se termine par l’affaissement douloureux et plaintif du pauvre pantin. Petrouchka est l’éternel héros malheureux de toutes les foires.

Sur le plan musical : l’œuvre est caractérisée par l’ « accord Petrouchka », composé de deux tierces augmentées, renfermant le terrible triton (écart de trois tons entre deux notes, tel qu’entre do et fa dièse, écart de notes redouté dans la musique précédent Stravinsky, désigné comme la marque du diable au Moyen Age. Cet accord caractéristique du personnage principal, est joué à sa venue, illustrant tout le caractère du malaise et du surnaturel. Stravinsky affectionnait cette structure harmonique, tel que, parmi d’autres, l’intervalle diminué ou l’utilisation d’une échelle de 8 tons, au lieu de 12. Stravinsky stylise et réhabilite ce que l’on avait comme coutume de considérer comme la vulgarité. C’est dans cet esprit que l’accordéon deviendra, ainsi que l’orgue de Barbarie un des thèmes fondamentaux de Petrouchka. Martèlements rythmiques entêtés, orchestration acide et grimaçante, citations parodiques faussement débonnaires (comme la chanson « elle avait une jambe de bois »). Six ans avant le scandale de « Parade » de Satie et Cocteau, Stravinsky chamboule l’univers compassé du classique, y introduisant la naïveté fantasque du cirque et l’ivresse goguenarde des fêtes foraines.
Le noyau de « Petrouchka » est resté le "Konzertstück" (il constitue le 2ème tableau du ballet : chez Petrouchka). Son expressivité tient à une bitonalité (do et fa dièse) rendant compte de la nature double de Petrouchka : à la fois marionnette et cœur humain.
Un autre tremplin fut, bien entendu, le folklore russe puisé dans les recueils, comme Rimski et d’autres avant lui. La foule, par exemple, au lever de rideau comme dans le finale, est soulevée par un superbe motif mi-païen mi-liturgique emprunté à une chanson pascale des environs de Smolensk. Le thème de la « Danse des Nourrices » qui ouvre le dernier tableau est très connu également (déjà utilisé par Balakirev ou Tchaïkovski).
Un progrès par rapport à « L’oiseau de Feu » : outre le dégraissage de l’orchestre, et le renouvellement du concept de motif, naîtra du souci d’échapper à la trop grande régularité des formules mélodiques par quatre mesures, modules thématiques qui ne réapparaît que lorsqu’un motif folklorique est cité tel quel.
Le rythme, dans Petrouchka, est un élément primordial, bien qu’encore fortement dépendant de la hiérarchie harmonique et mélodique même s’il tend, ici et là, à s’en émanciper…Stravinsky développe systématiquement les procédés de la métrique variable (inaugurée dans « l’Oiseau de Feu ») engendrant constamment la surprise par le déplacement des temps et des accents. Il procède quelquefois par superpositions de strates de durées différenciées, mais en restant asservi aux « polymélodies » instrumentales, sans constituer encore les structures polyrythmiques dont le « Sacre » fera état. Enfin, il est fortement lié à la rythmique populaire. C’est au niveau de la forme qu’il se manifeste de la façon la plus remarquable, et la plus efficace, par la juxtaposition des séquences rythmiques, de « plaques de temps » fortement caractérisées.

L’accueil du public : il fut fasciné. Synthèse dominée d’orchestre à la Rimski Korsakov, affirmation rythmique personnelle et harmonie héritée des admirations françaises. La musique de Petrouchka semblait approuver le souci qu’avait la France de Fauré-Debussy-Ravel de ne plus composer selon les règles italo-germaniques. Ayant rejeté la « forme-sonate », notre avant-garde s’exalta au produit de ce polytonalisme non fonctionnel, qui, moins anarchique que chez Moussorgski permettait les grandes formes tout en dégageant l’avenir. Un an après l’ « Oiseau de Feu », il s’est soumis tous les paramètres : livret, le profil général (3 parties et coda, parodie d’un plan de sonate) et surtout l’orchestration. Celle-ci, par l’éclat traditionnel des musiques Russes, n’appartient qu’à lui, ne doit rien à personne : Stravinsky s’affirme à lui seul comme le nouvel « avatar de la musique Russe ». Petrouchka répartit sa substance dramatique selon une trajectoire quasi Beethovénienne : Allegro, Andante, Allegro, Adagio.
Cette pièce continue à faire frémir le spectateur par le sujet tragique de l’histoire, le début d’une musique torturée, aux harmonies très dissonantes au service de l’illustration de sentiments humains, et du comportement des hommes, quelles qu’en soient les motivations.

vidéos petrouchka

une jolie version de la danse russe


I piccoli danzatori del teatro Massimo di Palermo: "Variations sur Stravinsky: Petrouchka"(chorégraphie: Alexandre Stepkine - 2000) 1er tableau: danse russe et dans la chambre de Petrouchka

l'orchestre joue le 4ème tableau (observer la battue du chef pour les changements de mesure.


les timbales marquent le changement de tableau. la fête reprend. Sur un fond sonore en répétition de notes conjointes, de petites fusées d'arpèges jaillissent dans tous les sens. Plusieurs danses se succèdent: on entend la danse des nourrices, dont le thème legato (chanson russe " le long de la Piterskaïa") est entendu au hautbois solo, puis repris un peu plus loin aux cors, se mêlant aux violons, au piccolo et à la 2e flûte. Un deuxième thème staccato (rengaine populaire "Akh vi seni") en croches régulières apparaît à la trompette solo, repris aux bois et cordes, puis aux cors, et enfin le 1er thème réapparaît aux cordes, puis à la flûte et au piccolo. Suit le montreur d'ours, avec son grondement aux cordes graves et au basson, avec un contrechant au Tuba et les ornements de la clarinette dans l'aigu. Ensuite les gitanes et le marchand fêtard dont le thème (rengaine russe "chéri, épouse-moi") apparaît aux Cordes, suivi d'un petit motif aux Bois (hautbois, clarinettes), ponctué par un tambour. Vers la fin le petit motif est entendu à la trompette accompagné par la harpe. Cest une reprise diversifiée du début du tableau. Et enfin la danse des cochers , avec sa lourdeur symbolisée par des notes répétées obstinément par le tuba et la timbale, dans un rythme très marqué, ponctuées par des accords des cordes, les vents étant à contretemps, et dont le thème se promène entre les violons I, les trombones, et les cors. On retrouve le thème des nourrices (Piterskaïa), tandis que l'orchestre s'étoffe progressivement. la vidéo stoppe malheureusement juste avant l'arrivée de la bande des masques.

Rudolf Noureev dans "Petrouchka" (dernier tableau, mort de Petrouchka et vision du fantôme)

jeudi 19 avril 2007

ce type me terrifie


Le Vrai Sarkozy

je pense à mes élèves, et j'ai peur...


Dizzee Rascal dream... (c'est vrai que ça fait trop peur, la racaille...sans déc!)

BHARATA NATYAM: danse de l'inde du Sud

Petit spectacle au "Toursky" à Marseille (danse "Alarippu" tala à 3 temps) J'ai fait 10 ans de Bharata Natyam avec Nirmala. C'est une danse très difficile techniquement (tout le corps travaille), mais elle demande aussi de la sensibilité, car il faut exprimer à travers l'abhinaya (art du mime) tous les sentiments de la nature humaine. Il faut une concentration totale et en même temps une détente totale, conserver un visage lisse, légèrement souriant, même quand le passage est difficile. Il faut aussi connaître le répertoire (mythologie) car l'on représente souvent les dieux de l'Inde (ganapati, shiva, kali, etc...). J'ai trouvé cet univers merveilleux. J'avais l'impression d'aller au bout de mes limites physiques à certains moments, et d'avoir les pieds ancrés dans la terre mais l'esprit relié par un cordon invisible à une force qui me dépassait.
Lorsqu'on apprend la danse, il faut savoir faire la salutation, apprendre les talas (mesures), les mudras (positions des mains), les syllabes (attuwangam) qui mènent les pas de la danse, divers adavus (figures enchaînées), puis l'on apprend des danses de plus en plus difficiles, le but étant d'arriver à improviser dans le Tillana (niveau professionnel, je ne suis pas arrivée à ce niveau, il faut une mémoire que je n'ai pas).




LES MUDRAS






EXEMPLE D'ADAVU




Voilà, j'espère que cela vous a séduit comme je l'ai été moi-même...

mardi 17 avril 2007

comment mettre de la musique sur son blog


Avec radioblog (cliquer sur ce lien, sinon, aller dans google et taper "radioblog. On peut s'inscrire (pseudo et mot de passe), il faut entrer sa recherche (par exemple sonate), en cliquant sur les flèches, on peut écouter dans un petit lecteur situé à droite (quelquefois ça ne marche pas, le son n'est pas toujours bon, donc il faut tester d'abord). Si on veut le mettre sur son blog, il suffit de le redécorer (couleurs) pour le personnifier, puis de copier (sélectionner, clic droit, copier) le code source. Ensuite il faut retourner dans sa propre page, la mettre en html (modifier le code html), le coller (clic droit, coller) et voilà! il est dans la page!

Avec Dailymotion ou youtube, (cliquer sur le lien, ou aller dans google et taper l'un ou l'autre), on peut mettre un lien ou un lecteur dans son blog. en haut on tape sa recherche (essayons schubert par exemple), puis OK ou Search, la liste des vidéos disponibles s'affiche, en cliquant dessus, on a la possibilité de copier le lien, ou de copier le code source et d'exporter ainsi la vidéo dans son propre blog. dans Dailymotion, on peut réduire ou agrandir la taille de la vidéo, dans youtube on ne peut pas. Par contre, youtube est mieux achalandé au niveau de la musique savante, je trouve.

Dans la page, on peut le mettre à gauche, à droite, ou au centre selon ses préférences. Voilà une façon de rendre ses pages attractives et de montrer les instruments, les dispositions chorales ou instrumentales, les musiciens, etc.

sinon dans le site symphozik (le lien est dans le site de madame musique , colonne de droite) il y a des liens intéressants vers des fichiers midi entièrement gratuits et des mp3.

A votre service...

lundi 16 avril 2007

johannes Bobrowski (1917-1965)

Jim, ces extraits sont pour toi spécialement. J'ai sélectionné ceux qui me touchent particulièrement, étant une accro de la poésie appelée (parfois à tort) "naturlyrik" en allemagne (c'est un allemand de l'Est). Ces textes sont extraits du recueil "Signes du temps".

EXPERIENCE

Dans la caverne,
croix et poisson,
des signes écrits sur la paroi.

La procession des hommes
s'enfonce dans la terre.
Le sol se voûte,
herbes, verdâtres, ayant poussé
au travers d'un buisson.

Contre ma poitrine,
le fleuve se lève,
la voix de sable:

ouvre-toi
je ne peux pas passer
tes morts en moi
dérivent.

MARCHANT SUR LE RIVAGE

Comme toujours
sur le pays des roseaux
la flamme de midi, sur
la dune
toujours pas
de bruissement des cygnes, toujours
l'herbe a soude
sans bruit,
les mains dans le sable.

Lorsque la constellation survole
le Sund,
de la glace sur les ailes,
les forêts faites de voix de grillons
submergent
les solitudes,
adressent les discours de leurs bouches creuses,
en bas, à la mer –

je t'entends venir, tu sors
de tes ombres, rejettes
de ton épaule le fardeau
de bois inondé, un feu
s'échappe de ta main.

je te demanderai:
Quel est mon nom?
Où suis-je?
Combien de temps encore
resterai-je ici?

ALIENATION

Le temps
rôde
en habits
de bonheur
et de malheur.

Qui est dans le malheur
parle avec la voix claquetante
des cigognes, les cigognes
l'évitent: noir
son plumage, ombre ses arbres,
là est la nuit, ses chemins
vont, dans l'air.

Je ne sais pas si tu y verras le rapport avec White, mais j'ai pensé à ce merveilleux poète qui parle de choses naturelles en apparence, mais décrit la spiritualité, l'émotion, le souffle de la vie même derrière les barreaux mieux que personne. Et ça m'impressionne...

dimanche 15 avril 2007

ce que je travaille en ce moment

La sonate "Waldstein" en Ut Majeur n°21 de Beethoven

Le premier mouvement

la suite

le 3e mouvement

faites pas attention, je vais travailler çà, maintenant, alors j'ai stocké çà, pour regarder de temps en temps.

Les "Variations Abegg" de Schumann en Fa Majeur.

Je regarde ça aussi de temps en temps, je viens de les reprendre en Avril avec Bernard, c'était pas trop mal, mais je voudrais les maintenir en forme et me calmer, parce que je trouve que je le joue un peu trop nerveusement...

j'ai déjà entendu plusieurs versions de ces oeuvres, mais j'aime bien regarder jouer les autres aussi.

mardi 10 avril 2007

quand j'étais petite...

j'étais souvent malade...j'aimais la solitude...
mon grand-père s'occupait de moi (maman est fatiguée) il chantait parfois, mais ne parlait jamais beaucoup... ses silences étaient une sorte de musique lente.
je rêvais beaucoup et j'aimais bien chanter (collargol par exemple, et la chanson de belle et sébastien dont j'étais amoureuse). j'aimais bien aller à l'église et entendre le choeur (je me faisais disputer parce que je regardais en l'air, la tête tournée vers les chanteuses). j'ai arrêté de croire plus tard parce que ceux qui disaient croire en dieu étaient racistes dans mon entourage.

à 4 ans j'ai su lire et l'année suivante on m'a envoyée à l'école (j'ai détesté). ma bête noire était la division, et avec le recul je comprends mieux pourquoi...
j'aimais lire (les contes d'andersen, ceux de perrault, enfin tous les contes).
Avec ma soeur on avait inventé un langage, mon pépé nous construisait des maisons, une école, un hôpital (avec des matériaux récupérés sur les chantiers) et on avait une ville entière dans la chambre, avec nos poupées, où ma petite soeur venait timidement (alors qu'on l'adorait).
Je voyais ma grande soeur en souffrance souvent, et je pleurais quelquefois en silence. Mon père était très sévère, surtout avec elle.

Tout était inquiétant et trop grand. Je me suis souvent réfugiée dans le rêve, jusqu'à ce que je commence le piano, à 7 ans. Le rêve éveillé.
Nos voyages en angleterre chaque année étaient fascinants, je me sentais comme dans mon second pays. j'ai toujours ces odeurs des maisons anglaises en moi...
ma mémé aimait rire, avec ses soeurs elles parlaient un mélange de langues (italien, arabe), j'aimais cette musique joyeuse et désordonnée...elle racontait des secrets aussi, mais chut!

à 8 ans je découvre le monde merveilleux des garçons, les billes, les soldats, les masques africains gravés dans les arbres, les virées en vélo, les prises de risque, mais aussi les bisous...
toutes ces années d'enfance le piano m'accompagne, et toutes ces musiques que nous fait écouter papa...le classique, l'opéra,mais aussi cat stevens, leonard cohen, les beatles, et bob marley, entre autres... je ne sais pas encore à quoi çà sert, j'aime, c'est tout.

la mer est là, elle m'appartient. Tous les étés je la sens glisser lentement comme une salive entre mes joues, c'est le moment d'aller se baigner...je rêve que je sais nager, et le lendemain je sais...

je me sens toujours entre deux mondes aujourd'hui, un peu étrangère. Je regarde les gens comme autant de pays étrangers à explorer. le monde de l'enfance est merveilleux. mais pour rien au monde je ne retournerais en ce pays.