mardi 16 octobre 2007

DEAD CAN DANCE

Dead Can Dance est un groupe Britannico-Australien formé en 81 à Melbourne (Australie) composé principalement de Lisa Gerrard et Brendan Perry. Le groupe s’est séparé en 98 et s’est retrouvé récemment pour une tournée mondiale (en 2005).
La musique de ce groupe a été classée Dark Ambient/Gothique. Au départ le groupe est issu de la scène Cold Wave (courant musical célèbre dans les années 80) dérivé de la New Wave, mais qui en accentuait le minimalisme et le caractère froid, sombre. Cependant pour beaucoup elle est inclassable, tant elle a évolué et absorbé de multiples influences (classique, médiéval, world). Ce qui pourrait passer pour gothique, c’est le sens de l’atmosphère mystérieuse créée, et le goût de l’expérimentation, le côté atemporel aussi.
Le groupe fait partie du label indépendant 4AD, bannière sous laquelle on retrouve Bauhaus, Cocteau Twins, ou The Pixies.
Le nom du groupe évoque un masque aborigène macabre (rituels de Nouvelle-Guinée) qui symboliserait la capacité des choses inanimées à s’animer. Leur création est avant tout une expérience esthétique et poétique au cœur du « Spleen et de l’Idéal ». La tristesse face à la beauté de la nature, la brièveté et l’absurdité de l’existence humaine, l’évocation du souvenir, la quête de l’œuvre d’art comme le lien avec le divin sont des thèmes récurrents dans leur musique.

Lisa Gerrard a vraiment un look hors monde, hors temps , avec sa robe longue blanche, ses cheveux blonds noués en tresses comme une couronne, semblable à une prêtresse antique. Sa posture très statique lorsqu’elle joue des instruments anciens comme le yangqin (cithare sur table) et cette voix lyrique, grave et profonde, rappelant les voix d’Europe Centrale, qui plane au-dessus des instruments métalliques aux sonorités exotiques. Ses complaintes en langue inventée, ses textes au caractère ésotérique ou mystique, et les textes en anglais mélancoliques et sombres de Brendan Perry donnent une atmosphère étrange à cette musique. Ils chantent rarement ensemble, mais plutôt chacun leurs morceaux. Cela donne une dimension et une vision supérieure à leur musique.
« le silence est tellement important quand tu travailles, tu dois avoir des moments où tu n’entends rien, juste pour réfléchir à ce que tu as déjà fait. Sinon tu traumatises ta relation avec le morceau sur lequel tu travailles » (L.Gerrard).

La plupart de leur musique n’a pas été enregistrée. Ils préfèrent créer en live leurs pièces, en faisant évoluer la musique spontanément sur scène. Bien qu’ils aient une structure de base, ils disent encourager leurs musiciens à improviser selon ce qu’ils ressentent à un moment donné. Un dialogue se crée ainsi sur scène. « C’est très important pour nous en tant que créateurs, de décrire instantanément toute énergie qui devient visible à ce moment-là » (L.Gerrard).
« Il y a des morceaux que je ne pourrai jamais enregistrer, parce que je ne veux pas les emprisonner. Je veux qu’ils soient sujets à développement. Dans un sens ils vous montrent où vous en êtes musicalement à ce moment, et cela vous révèle à vous-même » (L.Gerrard, 93, entretien à Montréal).
« la musique est elle-même le guide. Je suis la ligne émotionnelle contenue dans la musique, je ne sais pas clairement où je vais. Dans un sens expérimental je me retrouve au milieu d’une jungle et essaie de trouver mon chemin jusqu’à chez moi ». (B.Perry).
Les deux musiciens disent avoir étudié des disciplines ou traditions spirituelles qui les ont inspiré dans leur travail.
Vous pouvez trouver des lyrics ici (lyricsfreak.com)

lundi 15 octobre 2007

DEAD CAN DANCE 1er Album homonyme

Le 1er album: « Dead Can Dance » (84) classé New Wave et Gothique, sans doute à la cause du son de guitares saturées et de la voix grave et froide de Perry, présente déjà un mélange d’influences Rock, classique et le côté profondément mystique associé à Lisa Gerrard.
On y trouve 4 morceaux coldA passage in time », « The trial », « In power we entrust the love advocated ») avec la voix grave, hiératique de Brendan et des morceaux plus éthérés, hors normes de Lisa comme « Ocean » ou « Musical Eternal », la présence des percussions apportant une ambiance rituelle. Lisa et Brendan chantent chacun leurs morceaux, s’accompagnant mutuellement. Ils utilisent un synthétiseur-sampler reproduisant des instruments de l’orchestre (cuivres, cordes, percussions), et une boîte à rythmes.
En outre Lisa Gerrard utilise le yangqin, sorte de cithare de la famille des cithares sur table (« Carnival of light », « Flowers of the sea »). Un album très original dès le début.
Titres : « The Fatal Impact » / « The Trial » / « Frontier » / “Ocean” / “East of Eden”/ “Threshold” / “A passage in time” / “Wild in the woods” / “Musical eternal” / “Carnival of light” / “In power we entrust love advocated” / “The Arcane” / “Flowers of the sea”

"The fatal impact"
Instrumental plutôt Rock, déjà teinté de sonorités tribales.

"The Trial"
Ce titre est plus agressif. Le chant éthéré de lisa, le yangqin, les percussions, l’atmosphère recluse préfigurent l’évolution ultérieure du groupe.

"Frontier"

(yangqin, chant Lisa Gerrard, percussions de type africain, synthés, ambiance tribale).
Lyrics: "Please go after him /'Cause he delayed them there /I see the proud man /He delayed to see them all/All have stayed/The bloodstains on the floor/He's left, he's left/He's gone today/He's gone back/He's gone back/I just want to make him understand
Teach another lesson/Make them go and see the proud man"

Traduction: "S'il te plaît va le chercher/ Car il les a retenus ici/ Je vois l'homme fier/ Il a tardé à les voir tous/ Ils sont tous restés/ les taches de sang sur le plancher/ Il est parti, il est parti/ Il s'en est allé aujourd'hui/ Il est revenu/ Il est revenu/ Je veux juste lui faire comprendre/ Donne une autre leçon / Fais-les partir et voir l'homme fier"

"Ocean"
morceau mélodique sur un arpège de basse et de guitare sous chorus, qui accompagnent la voix envoûtante de Lisa.

"Threshold"
Guitare et batterie sont mises en valeur, portées par la voix solennelle de Lisa.

"A passage in time"
Moins representatif du style du groupe, ce titre est basé uniquement sur un plan classique guitare – basse – batterie – chant.

"in power we entrust with love advocated"
Composé et chanté par Brendan Perry, il met en avant un arrangement subtil avec une grande recherché mélodique au niveau de la guitare et de la basse, accompagnant la voix ténébreuse de Brendan.

"Carnival of light"
Ce morceau fait partie d’un maxi, “Garden of the Arcane Delights” sorti en 84, ajouté à cet album lors de sa réédition. Il est lyrique, intense, avec le yangqin, les percussions surplombés par le chant grandiloquent de Lisa.

Lyrics de “In power we entrust…”
"Sail on silver wings, through this storm what fortune love may bring / back to my arms again the love of a former golden age / I am disabled by fears concerning which course to take / for now that wheels are turning I find my faith deserting me.
This night is filled with cries of dispossessed children in search of paradise / A sign of unresolved ambition drives the pin wheel on and on. / I am disabled by fears….to take / When memory bears witness to the innocents consumed in dying rage.
The way lies through our love / There can be no other means to the end / Or the keys to my heart you will never find".
Traduction
"Navigue sur des ailes d’argent, à travers la tempête, la chance que l’amour peut apporter/ de retour dans mes bras à nouveau l’amour d’un âge d’or ancien / Je suis handicapé par des craintes au sujet de la direction à suivre/ parce qu’à présent que les roues tournent ma confiance me quitte/
Cette nuit est emplie de cris des enfants dépossédés à la recherche du paradis / un signe d’ambition irrésolue entraîne l’aiguille de la roue continuellement / Je suis handicapé…à suivre / Quand la mémoire sert de témoin aux innocents consumés de rage mourante.
Le chemin étendu en travers de notre amour/ Il ne peut y avoir d’autre moyen d’arriver à ses fins / sinon les clés de mon cœur tu ne les trouveras jamais".

dimanche 14 octobre 2007

DEAD CAN DANCE 2nd album "Spleen and Ideal" (1985)


Dans cet album le groupe change de cap, se détache des styles New Wave Gothique et intègre à sa musique la World music et la musique religieuse. Les textes sont inspirés de ceux de Baudelaire et de Thomas de Quincey. Il y a de nombreuses références aux poètes symbolistes du XIXe siècle. « Spleen et Ideal » est l’un des chapitres des « Fleurs du Mal » de Baudelaire. Lien vers Thomas de Quincey .
L' ambiance est plus intimiste, plus sombre, avec des instruments classiques (violon, violoncelle, timbales, orgue, grosse caisse , cloches d’église et chœurs grégoriens). La voix de Lisa Gerrard est plus travaillée et discernable. Les ambiances mystiques et magiques sont très éloignées des concerts gothiques et New Wave de l’époque. Leurs musiques sont de type atmosphériques mais toujours captivantes. Le son est immense, écrasant, et profond, l' ambiance désespérée, sombre et lumineuse à la fois. On y trouve des influences celtiques et néo-gothiques aussi.
Les titres : « De Profundis » (out of the depths of sorrow) / « Ascension » / « Circumradiant Dawn » / « Cardinal Sin » / « Mesmerism » / « Enigma of the Absolute » / « Advent » / “Avatar” / “Indoctrination” (a design for living)


Les 3 premières chansons sont centrées autour de la voix de Lisa.
Des Chants grégoriens et les cloches d’église soutiennent la voix de Lisa dans le titre
« De Profundis », la couleur modale est de mise.


lyrics : "Embrace the love, so fair "

« Ascension », instrumental grandiose, à l’ambiance de béatitude divine. Trompettes moyenâgeuses et voix éthérées s'y côtoient.

Guitare classique et piano portent la voix gracieuse de Lisa Gerrard qui prend la relève avec « Cardinal Sin ». Retour des trompettes accompagnées d’une instrumentation plus Goth/Rock. Basse et Batterie se fraient un chemin au travers des mélodies de piano et du Violoncelle.


Brendan chante une de ses chansons à la profonde philosophie avec “The cardinal Sin”.

« Mesmerism » augmente le tempo avec percussions digitales, clavier sombre et yangqin. C’est la dernière fois que Lisa chantera en Anglais avec le yangqin.
Lyrics « mesmerism » traduction: Coeur fragile / renonce à tes peurs / enfermées au plus profond de toi / durant toutes ces années / reste dans la lumière / renonce à tes peurs / car tu as été hypnotisé / brise ce sortilège de silence

« Enigma of the absolute » donne la part belle à la fusion des styles et des instruments. Violoncelle, guitare et grosse caisse d’orchestre lui donnent un ton royal, le chant grave de Brendan fait le reste.

« Advent » aurait pu figurer sur « Dead Can Dance » - batterie, basse, guitare et piano font honneur à une Cold Wave froide et mélodieuse avec la voix de Brendan..

traduction: "Dans cette heure d'obscurité / nos mondes entrent en collision / assaillis par la folie / qui nous a rendu la vie impossible / au point de départ / à la veille du désespoir / ton recours à la raison / ne semble rien vouloir dire du tout / ref: la lumière d el'espérance / brille dans tes yeux / la démence est partie / purgée de l'intérieur / A travers nos errances / dans une terre de mensonges / Nous avons perdu la grace de Dieu / dans une mer houleuse / dans l'auto-révélation/ la célébration de l'amour / toutes deux sont des vertus / que nous semblons avoir abandonnées / ref/ mets ton coeur à nu / incite le désir de l'Amour / à restaurer la frêle confiance / que tu as perdu / comme le matin apporte la renaissance / un nouveau jour poindra / pour calmer nos esprits troublés / tourne-toi vers toi-même / et rêve des jours à venir"

« Avatar » reprend les mêmes ingrédients que « Mesmerise », en moins hypnotique. Yangqin, basse et batterie accompagnent le violoncelle et Lisa dans un tourbillon d’émotions aux consonances orientales à travers le yangqin et les percussions et les glossolalies de Lisa.



« Indoctrination » achève l’album. Mélancolie et envolée poignante à la fin du titre en font une conclusion provocante. Cet album marque la fin d’une époque et le début d’une autre, intemporel, mirifique et démontrant un talent hors du commun.



lyrics Indoctrination traduction: "Dans ces temps de grande vexation / quand chacun doit choisir ce qui est bien ou mal / la liberté, c'est ce qu'ils disent, correspond aux choix que l'on a faits / à travers tout le rationnel arbitrage concernant la liberté / la liberté, je dois le dire / existe avec des esprits non conditionnés / toute raison a été abandonnée / Comment pouvez-vous être satisfaits des choses telles qu'elles sont / quand tout ce qui nous entoure à présent et tellement plus / retse dans les bras sombres du gardien? / la soif insatiable de pouvoir a fait / de mortels des idoles, des dieux de la glaise, de soldats des héros, d'enfants des esclaves / tous les désirs damnés, leurs espoirs trahis /
qui souffrira les lois qui font que l'état décide de l'éducation de nos enfants / jusqu'à ce que tu en paies le prix? Qui souffrira leurs lois? / qui souffrira leurs esprits? / qui souffrira leurs mots? / qui souffrira leurs desseins?"

samedi 13 octobre 2007

DEAD CAN DANCE 3e album "Within the realm of dying sun" (87)

L’album est sans doute le dernier enregistré à un moment où Brendan Perry et Lisa Gerrard formaient encore un couple à la ville.
Il développe la thématique de musique éthérée, et voit naître l’empreinte caractéristique du groupe. Entre morceaux mystiquesAnywhere out of the world ») et atmosphériques (« Summoning of the muse »), les influences Cold Wave et Goth disparaissent, le ton devient plus profond, plus sombre et plus dramatique .
La pochette représente un bandeau noir et une photo prise au Père Lachaise: la pleureuse qui orne la tombe de Raspail (plusieurs proches du groupe seraient décédés à cette époque). Le son est plus classique : petite formation de Cordes et de Cuivres. Les trompettes apportent une ambiance funèbre (« Dawn », « The Iconocast » ou «The Protagonist » , inclus sur la compilation "Lonely is an eyesore"). Accompagnements en contrepoint (Perry a suivi pour cela des cours de musicologie). Les morceaux chantés par Perry et Gerrard sont nettement séparés, chacun dispose d’une face surle 33 tours.
1. Anywhere out of the world 2. Windfall 3. In the wake of adversity 4. Xavier 5. Dawn of the iconoclast 6. Cantara 7. Summoning of the muse 8. Persephone – The Gathering of Flowers

« Anywhere out of the world » commence par une suite d’accords en forme de choral. Synthés, cloches, cordes, cuivres, et choeurs en mineur créent l'atmosphère. La suite est plus animée, avec une basse plus rock, toute en syncopes. La voix de Brendan erre sur une mélodie minimaliste, suivie d'un solo de métallophone. Le caractère est mystique.
"We scaled the face of reason to find at least one sign / that could reveal the true dimension of life lest we forget. / And maybe it’s easier to withdraw from life with all of its misery and wretched lies. / Away from harm / We lay by cool still waters and gazed into the sun. / And like the moths great imperfection succumbed to her fatal charms. / And maybe it’s me who dreams unrequited love, the victim of fools who stand in line / Away from harm. / In our vain pursuit of life for ones own end, / will this crooked path ever cease to end".



« Windfall » est un instrumental calme et mystérieux. Le vent souffle, le froid tombe sur une immensité désertique et gelée.
« In the wake of adversity » se déroule dans une ambiance féerique et étincelante.
« Xavier ». L’intro, chantée par Lisa, est un sublime prière à plusieurs voix. Puis les violons, trompettes et trombones recouvrent le clavier, créant une atmosphère déchirante et désespérée, avec le chant pénétrant et envoûtant de
Brendan.
« Dawn of the Iconoclast » voit le retour des trompettes et trombones, sur un rythme martial. Puis le morceau dérive dans un ambient sombre et lyrique, où l’on retient son souffle.

Le fameux « Cantara » prend la relève, c’est la chanson la plus connue. Après une longue intro douce et mélodieuse, un rythme soutenu fait son apparition, et entraîne tout dans un tourbillon d’émotions. Belle démonstration de chant possédé par Lisa. Lisa joue des crotales, la guitare égrène un arpège en ostinato qui évoque vaguement l’Orient, le clavier une mélodie qui plane mélancoliquement au-dessus, des percussions accompagnent discrètement le tout. La deuxième partie accélère le tempo et nous fait entrer dans une sorte de transe, avec une présence très marquée de la percussion, et le chant de Lisa en onomatopées, fort et exotique, brendan assurant les chœurs. Le clavier assure une mélodie orientale, aussitôt relayé par une mélopée crescendo qui fait monter la tension brutalement et la maintient jusqu’à la fin. Le frère de brendan est à la batterie dans cette vidéo. Dans l’interview Lisa parle de son bébé qui en est au stade du balbutiement, et babille dans une sorte de chant. Elle estime être dans cette humeur lorsqu’elle chante les sons qu’elle produit, qui ont une signification sensitive plus que littéraire.



« Summoning of the Muse » change d’horizon. Chant quasi religieux, caractère hiératique. Chœurs, cloches, timbales, phrases descendantes. Polyphonie, voix élégiaques, contrechant très bien réalisé, à la limite de la dissonance. A 3 temps, accentuant la notion de cercle. Un régal.



Persephone” va encore plus loin dans la sublimation. Véritable opéra sensoriel à la mélodie aux demis tons troublants, ce titre fait frémir de la première à la dernière seconde. La musique est de style classique (cordes, aux longues tenues), tempo très lent, accords de septièmes majeurs sur une ligne descendante. Mélodie à deux voix de femmes en forme d’organum (à la quarte) comme au moyen age, chœurs synthétiques. Timbales et accords de synthé aux accents de cloches tubulaires. Fort écho sur la voix, qui donne le côté heavenly.

vendredi 12 octobre 2007

DEAD CAN DANCE 4e album "The Serpent's egg"

The Serpent's Egg (88) est le titre du quatrième album du groupe Dead Can Dance. On y trouve une multiplication des influences et des mélanges, le style médiéval (« orbis de ignis », « chant of the paladin ») et de la musique religieuse baroque (« Ulysses » et « Severance »).L’ album est assez similaire à « Within the realm … » Il délaisse le romantisme et le religieux au profit d’ambiances mêlant splendeur et mélancolie.

1. The Host of Seraphim -2. Orbis de Ignis - 3. Severance - 4. The writing on my father's hand - 5. In the Kingdom of the Blind the One-eyed are Kings" - 6. Chant of the Paladin - 7. Song of Sofia - 8. Echolalia - 9. Mother Tongue - 10. Ulysses

"The Host of Seraphim"

c’est l’une des chansons les plus planantes. Lisa chante comme une déesse, portée par un ensemble de violons et de chœurs.

« Orbis de Ignis », est une sorte de prière à plusieurs voix et tintement de cloches, avec la voix de Lisa.

Severance” est composé pour orgue et voix (Brendan). C'est une mélodie poignante, et Brendan joue de la vielle à roue (instrument médiéval).

Severance lyrics:
“Severance, / the birds of leaving call to us,/ yet here we stand endowed with the fear of flight/ Overland / The winds of change consume the land / While we remain / In the shadow of summers now past / When all the leaves have fallen and turned to dust / Will we remain / Entrenched within our ways / Indifference / The plague that moves throughout this land / Omen signs / In the shapes of things to come / Tomorrow’s child is the only child.”

« The Writing on my father’s hand ». Une superbe complainte plaintive de Lisa à plusieurs voix, posées sur un clavier (clavecin) mélodieux et répétitif.


«In The kingdom of the blind the one-eyed are kings » Changement de style , orchestral et symphonique, la pression monte jusqu’à l’envolée finale. La voix de Brendan y est particulièrement marquante, forte et intransigeante.

« Chant of the Paladin » se teinte de sonorités moyenâgeuses. Morceau hypnotique, en spirales sonores où se mêlent cloches, grelots et timpani.


« Song of Sophia », solo de Lisa, voix puissante et dramatique.

« Echolalie » reste dans le même contexte, avec un échange de phrasé/chanté, alternance de voix masculine et de chant féminin.

« Mother Tongue », avec des percussions, tour à tour frénétiques puis calmes et soutenues par la voix de Lisa. Style africain.



« Ulysses » : Claviers et violons se mélangent à merveille sur un tempo de valse accompagnant Brendan.

jeudi 11 octobre 2007

DEAD CAN DANCE 5e album "Aion" (90)

Après cet album, ce fut la 1ère tournée aux USA du groupe.
L'album est entièrement dédié à la musique médiévale , surtout Byzantine et aux chants grégoriens. C'est un nouveau voyage musicale aux frontières du temps et de l'imaginaire.Mélodies envoûtantes, finesse des arrangements, magnificence des voix, variété des thèmes, et atmosphères mystiques sont au rendez-vous.
Le groupe se détache en outre de l'émotion des premiers albums, et marque plus ouvertement la culture de DCD. Acoustique ancienne, mélodies plus sobres, plus de tension sourde et moins de pathos. La voix de Lisa domine nettement la musique, les instruments ne sont là que pour colorer et retoucher la voix.
L'album garde du précédent la clarté, la grandeur méditative que l'on avait aimée dans "The Host of Seraphim" ou "Orbis de Ignis". Aux percussions médiévales se sont ajoutées les violes et basses de violes, et certaines pièces sont des arrangements de morceaux anciens (par exemple "Saltarello"). Les chants sont dépouillés, souvent austères. Sauf sur "Fortune presents.." qui nous rappelle "Ulysses" ou "Severance" (avec la voix de Brendan). "Black Sun" tient plus de la dark wave acoustique, avec les violons, les cuivres.

La couverture est signée Jérôme Bosch ("le jardin des délices").

Titres: "The Arrival and the Reunion" - "Saltarello" - "Mephisto" - "The Song of the Sybil" - "Fortune presents Gifts not according to the Book" - "As the Bells rings the maypole sings" - "The End of Words" - "Black Sun" - "Wilderness" - "The Promise Womb" - "The Garden of Zephyrus" - "Radharc"

The Arrival and the Reunion est un chant religieux aux couleurs royales, à plusieurs voix avec grosse caisse d'orchestre.

Saltarello est un morceau instrumental typiquement Moyenâgeux, mêlant percussions et flûte. C'est un retour au temps des troubadours, avec cette danse italienne du XIVe siècle.

Mephisto est aussi un morceau instrumental, court et mélodique, qui mélange cette fois violons et luth.
Song of the Sybil est une reprise du chant catalan du XVIe siècle, drame liturgique et chant grégorien, c'est une prophétie décrivant l'Apocalypse, qui est encore chanté en Espagne (Majorque) et en Sardaigne (Alghera) dans certaines églises pour le Nouvel An. L'utilisation de l'orgue, lourd, et la voix de Lisa sans registre représente leur prise de liberté par rapport au manuscrit.

Les Lyrics ici
Fortune presents Gifts not according to the Book : Une ballade chatoyante interprétée par Brendan. Les Lyrics.
As the Bells ring the Maypole sings donne l'avantage aux instruments traditionnels: cornemuse, chant à la couleur sombre et boîte à rythme (percussions digitales)
The End of Words retrouve une ambiance religieuse (elle aurait pu tout à fait figurer dans "The Serpent's Egg").


Black Sun baigne dans une atmosphère qui rappelle "Spleen and Ideal". Trombone, percussions semi programmées, violons et la voix pénétrante de brendan. Un des meilleurs morceux de l'album. Lyrics ici.

tournée à La Hague en 2005.
Wilderness est un chant religieux a cappella, The Promised Womb est un chant nostalgique.
The garden of Zephyrus est un morceau instrumental, chant d'oiseaux et flûtes.
Radharc est un mélange de musique médiévale et nord africaine (folklore arabe).

Les meilleurs titres à mon sens sont "Fortune presents...", "As the bell rings..." et "Radharc", mais j'aime bien aussi "Song of the Sybil".
un site intéressant pour tout savoir sur DCD mais en anglais.

mercredi 10 octobre 2007

DEAD CAN DANCE 6e album "Into the Labyrinth" (93)



Yulunga (Spirit Dance)
• The Ubiquitous Mr Lovegrove
• The Wind That Shakes The Barley
• The Carnival Is Over
• Ariadne
• Saldek
• Towards The Within
• Tell Me About The Forest (You Once Called Home)
• The Spider's Stratagem
• Emmeleia
• How Fortunate The Man With None


Into the labyrinth sonne le tournant world de Dead Can Dance. Mélangeant les sons acoustiques et les samples d'instruments traditionnels, cette nouvelle orientation musicale leur vaudra, de la part de leur détracteurs, la réputation de "world-music décolorée". Il faut tout de même rappeler que cet album a été entièrement composé, joué et enregistré par le duo, seul, au studio de Brendan, en Irlande. Il s'agit là d'un excellent travail. Les deux amis se retrouvent, après trois ans d’absence et une compilation (A passage in time). Ils se retrouvent comme jamais, car entièrement en duo. L’album est logiquement un peu bicéphale, et souvent sombre. Ce n’est certes pas leur album le plus intense, après le médiéval et acoustique «Aion». Le duo n’a pas négligé l’europe contemporaine et électronique.
B. Perry vit sur une île dans une rivière à la limite entre La République d’Irlande et l’Irlande du Nord. L. Gerrard vit dans les montagnes de Snow River en Australie. Ils ont écrit séparément et, trois mois après, ont préparé et enregistré ensemble les titres.
Perry
: "c’est un voyage dans l’écriture d’une année, très axée sur la vie à la campagne avec des gens de la campagne. Il y a un enracinement folklorique, en un mot le respect : l’amour du naturel, la musique primitive du monde, et l’amour des sons les plus naturels : le chant d’un oiseau de forêt.
Certaines chansons de l’album sont sans paroles, certaines sont au-delà des mots. Certaines sont des ballades pop sucrées, et certaines sont des instrumentals détachées, déconcertantes. Certaines ne souffrent aucune explication, alors que d’autres le permettent un peu."


T
out commence avec Yulunga (spirit dance). Longue pièce remplie de percussions et shakers, débutant par une intro de violoncelle, tout simplement diabolique. Le chant de Lisa devient de plus en plus beau, ce Yulunga en étant l'exemple parfait. Pièce très ethnique.




The ubiquitous mr. Lovegrove est difficilement classifiable dans une catégorie précise, tant les influences y sont multiples. On retrouve le chant profond de Brendan, accompagné pour l'occasion par un rythme de bongos, harmonium, flûte de bambou et sonorités électroniques. la gravité mélodique s’articule sur les lenteurs souples des sitars."The Ubiquitous Mr. Lovegrove"est l’alter ego de brendan...la relation abstraite de moi avec les femmes. ..




Solo de Lisa avec The wind that shakes the Barley. Touchante complainte irlandaise écrite à l'origine par le docteur Dwyer Joyce au 18e siècle pour commémorer un soulèvement à Wexford contre les anglais. Uniquement vocale, cette chanson amène la tristesse et l'amertume, pour qui s'attarde sur les paroles. Lisa Gerrard voulait faire sa propre version...C’était une chanson de ralliement, mais elle a une tristesse si intense que ça devient une chanson anti-guerre...




Brendan se transforme en crooner sur The carnival is over. Beaucoup de claviers et de mélodies sur cette évocation de souvenirs d'enfance de Brendan Perry lorsqu’il vivait dans l’Est de Londres, et a visité un cirque. Insouciance et émerveillement. Rappelle les cadences sérielles et mélodiques de Philip Glass.




Retour aux percussions semi-digitales avec Ariadne. Le chant de Lisa transporte l'auditeur au beau milieu d'une forêt luxuriante, où des oiseaux imaginaires remplissent l'air de leur paroles mélodieuses.
Saldek redonne de l'énérgie aux oreilles. Djembés entraînants, clavecin et chant traditionnel.
Towards the within, beaucoup plus long, retrouve les atmosphères mystiques et introverties chères au duo. Percussions, shakers, nappes sombres et vaporeuses, tablas, alternance des chants, cris d'animaux, flûte de bambou et encore bien d'autres choses, pour ce sublime hymne à la Terre.
D'une structure très proche de celle utilisée sur The carnival is over, Tell me about the forest, et sa mélodie symphonique se permet le cor basse allié au clavecin, le tout balayé de violons entraînants. Le titre dispose cependant d'un caractère moins enjoué, plus revendicatif. "Quand vous vivez en Irlande vous voyez les gens qui sont parties depuis des années revenir chez leurs parents, et vous voyez aussi ceux qu’ils laissent derrière eux..l’abandon des traditions avec le déracinementet le bouleversement des tribus. En Irlande, et dans les forêts pluvieuses. Si vous pouviez au moins garder les traditions orales, et laisser toute la merde religieuse derrière".
Percussions encore et toujours durant The spider's stratagem. Violons, chant aérien de la part de Lisa, cloches teintantes et bon mélange des influences. Electro-mongole
Emmeleia change d'horizon. A capella, réunissant Lisa et Brendan, pour une chanson aux sonorités orientales. Alliance a cappella d’un homme et d’une femme qui chantent une nostalgie douce et méditative qui tient autant de l’europe que de l’asie, pour mesurer à nouveau l’ampleur vocale de Lisa Gerrard
Enfin, How fortunate the man with none redonne un instant vie à la musique baroque. Claviers, violons et trombones, servent de tremplin à la voix forte, mais néanmoins suave, de Brendan. Brendan Perry a adapté les mots de “la Mère Courage” de Brecht, en musique d’après une production par Temenos de la pièce. C’est seulement la deuxième permission de ce genre accordée par le pays de Brecht, la précédente étant en 63.

..."
sur scène, nous ne jouons pas beaucoup du répertoire des albums. Nous avons un système selon lequel nous introduisons des structures nodales qui laisse de la place pour improviser, avec une approche melismatique. Nous parvenons à des musiques dangereusement belles avec cette façon de procéder...
Into The Labyrinth est le 6ème album de DCD...nous faisons des albums parce que nous avons encore beaucoup de demons à exorciser: nous apprécions la nature thérapeutique de la musique et à travers ce plaisir nous voulons exprimer cette joie et la communiquer au public. C’est notre plus grande source de thérapie, et notre plus belle façon de nous exprimer...
En '93, un mélange des musiques anciennes et nouvelles de DCD apparaît dans le film américain Baraka, et ils ont aussi contribué à deux chansons de l’album d’ Hector Zazou « Sahara Blue ». En Octobre 92, Dead Can Dance ont collecté leurs meilleures compositions (et deux nouvelles chansons "Bird" et "Spirit") comme leur premier album familial sous le titre « A Passage In Time ».
...Nous avons choisi les chansons pour montrer un voyage, où les morceaux s’imbriquent. C’est évolutif, cela traverse quelque chose, en opposition à un temps fixe et linéaire. Dérivé de quelque chose et arrivant vers quelque chose. La musique tend vers un rayonnement et un scintillement tranquille, bien que les évenements qui l‘entourent soient très sombres..."

mardi 9 octobre 2007

DEAD CAN DANCE interview 93 pour BSide

Le désert rampe lentement, reflétant son âpre lumière et son ombre dans les yeux. Des montagnes torturées cherchent les nuages dans le ciel. Soudain, à droite, une figure humaine miroite au loin; un autre admirateur du vaste désert. Mais qu’est-ce qu’il fait? Alors que la voiture se rapproche nous réalisons qu’il danse, accomplissant un élégant rituel connu de lui seul dont le ciel et les arbres tordus de Jousha sont les témoins. Il ne porte pas de Walkman; il ne semble pas affligé. Il sourit seulement et tournoie tandis que nous dérivons. Il n’y a ni vélo ni voiture en vue, juste cet homme chevelu et son hommage au désert. Tandis que nous roulons, j’ai ce sentiment perturbant que nous aurions dû agir de façon plus responsable...mais avec une paranoïa typiquement orientale j’ai le sentiment qu’il pourrait être dangereux.

Lisa Gerrard et Brendan Perry auraient fait ce qu’il fallait. Ils nous auraient fait arrêter la voiture pour encourager sa danse de célébration.
C’était leur magnifique "Yulunga" adapté à la vie.
Tandis que le soleil descend sur le pacifique et que la nuit monte dans le ciel de l’Est, j’ai l’honneur de parler avec Lisa Gerrard et Brendan Perry, catalyseurs musicaux de Dead Can Dance. C’est un jour rare, à ce qu’on me dit, clair et engageant, inhabituel à Los Angeles en Août. Peut-être la terre célèbre-t-elle le fait que nous soyons assis ici dans ce jardin sur le toit buvant des Coronas et dissipant totalement toute notion qu’il y a quelque chose de mystérieux en eux. Lisa, qui a arrêté de donner des interviews depuis des années, est une personne à l’énergie merveilleuse qui vous regarde droit dans les yeux, pas pour vous défier mais pour examiner vos pensées les plus profondes. Brendan, a vécu assez longtemps en Irlande pour avoir adopté le look du campagnard moyen, confortable et chaud: un reflet de sa personnalité.
Il est fatigué par son travail sur la video de "Yulunga". Mais sa lassitude n’altère pas sa determination à chasser toute notion insensée que quelqu’un pourrait entretenir à propos de Dean Can Dance.



Hautain? Sombre? Vieux jeu? Gothique? Jamais de la vie!
Ils sont des âmes soeurs depuis longtemps, on le voit surtout dans leurs photos ensemble. Brendan continue à charrier Lisa pour qu’elle regarde la camera. Finalement il plaisante en disant que depuis que l’on a dit à Lisa qu’elle avait un beau profil, c’est tout ce que vous obtiendrez d’elle. Elle a aussi de beaux yeux bleus qui sont parfaits pour des œillades maléfiques à Brendan.
Tandis que le soleil plonge dans la mer je décide que nous devrions parler du brillant « Into The Labyrinth », le premier album complet offert par Dead Can Dance en trois ans. Je sais que nous allons abandonner le sujet très rapidement. Premièrement, ne croyez pas qu’ils n’ont travaillé que sur cet album pendant ces trois ans: ils étaient aussi occupés à des partitions pour le théâtre et des musiques de film.

Brendan déclare: "Nous sommes très heureux de cet album, nous-mêmes. Cet album révèle la paix faite avec nous-mêmes, un reflet de nos vies."
Lisa hoche la tête vers Brendan, ajoutant: "Cela a à voir principalement avec toi, qui a pris la direction lors des premières scènes. Je préparais des choses pour l’orchestre, et Brendan travaillait sur les choses que nous voulions faire ensemble. Il voulait qu’elles soient percutantes; il voulait que l’on essaie quelque chose de différent."
" Il reflète la joie que nous trouvons à conduire les choses de la vie: la compréhension; Lisa est mariée maintenant et a un petit enfant; cela a influencé le regard extérieur sur le monde, a apporté un optimisme plus grand," décrit-il. "Je suis très enraciné en Irlande, je vis ici depuis 5 ans. Je me sens bien ici, dans la campagne, en harmonie avec la nature. J’ai appris à pacifier mes relations avec les gens de la terre, qui sont directs et honnêtes."


"Lisa est retournée en Australie parce que sa mère est tombée malade. Cela entraîne la prise de conscience que ces gens vous sont très chers et que vous voulez être près d’eux. Alors j’ai emménagé ici, mais c’est transitoire. Ma famille est ici, alors au bout de la terre c’est avec eux que vous voulez être. Mais ça ne sera pas toujours ainsi. J’aime beaucoup l’Irlande; je m’y suis attachée."
Brendan est né en Angleterre, puis il a déménagé en Nouvelle-Zélande lorsqu’il était ado. Lisa est née en Australie, et leurs premiers voyages ensemble les ont conduit de l’Australie à l’Angleterre en 1982, jeunes amoureux cherchant leur destin. "Nous avons toujours eu la bougeotte. Nous avons décidé qu'il ne se passait rien en Australie il y a 12 ans, et Brendan ne savait pas ce qui allait nous arriver ici. Il avait de très fortes idées de ce qu’il voulait dire globalement dans son travail. Moi je ne savais pas à ce moment-là. J’étais juste heureuse de voyager, de voir du pays et de chanter, en fait. Mais c’est lui qui a eu la prémonition. Quand j’y repense j’étais incroyablement naïve à ce moment-là. Je le suivais simplement; il roulait sur le vélo devant et je le suivais..."
" Oh arrête; tu m’embarrasses!" l’interrompt Brendan en retombant comiquement dans sa chaise, balayant de la main les mots de Lisa.


Lisa lance un rire cristallin, s’exclamant, "Mais c’est vrai! J’avais seulement 20 ans et je ne savais pas ce qui arriverait ! je croyais vraiment en ce que nous faisions ensemble. C’était la chose la plus importante dans nos vies!"
"Je ne sais toujours pas, avec mon travail... Je sens toujours que c’est une force qui avance sans que je la contrôle! C’est quelque chose qui en est arrivé là et je suis assez chanceux que d’autres gens l’écoutent! Et qu’ils l’écoutent ou pas, je le ferais quand même. Cette série d’événements a pris sa direction grâce au tact avec lequel j’ai été engagée avec d’autres gens qui savaient vers quoi se diriger," explique-t-elle. "C’est aussi dû à ma rencontre avec Ivo, et que notre travail l’a intéressé. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui vont à Londres avec leur travail dans les mains, comme nous, avec des idéaux par rapport à leur travail et c’est très dur."


Et c’est une chance que 4AD et Ivo aient trouvé ce duo, avant que quelqu’un d’autre ait zigouillé cette étincelle unique. "C’est ce qui nous a effrayés," admet Brendan. "La largeur actuelle des influences musicales que nous abordons est ce que nous considérons comme le spectre entier de Dead Can Dance, c’est son catalyseur. C’est très gênant pour une compagnie qui pense en termes de marketing."
" Cela a toujours été plutôt une amitié pour nous," explique Lisa. "ça n’a jamais été un cas de..." Elle s’interrompt pour s’exclamer, "C’est seulement maintenant que je réalise à quel point ça l’est, et à quel point il (Ivo) est différent. Quelqu’un m’a dit quelque chose hier , oh, ces grandes compagnies de disque, ne veulent pas être engagées avec quelqu’un qui ait un réel but artistique parce qu’ils sont trop problématiques! Ils veulent juste être engagés avec quelqu’un qu’ils peuvent manipuler.' Et cela a fait mouche! Vous réalisez que votre relation fragile avec le travail a été respectée. Nous apprécions vraiment cela."
" Cela mène à une situation dans laquelle l’artiste devient un esclave créatif," murmure Brendan. "C’est juste une folle contradiction avec ce que cela devrait être.
Les compagnies de disque sont aptes à découvrir le point faible de l’armure mentale d’un artiste. Là où ils ne sont pas confiants; comment pouvons-nous les contrôler à travers leurs peurs et leurs désirs les plus profonds?" Brendan déclare, "C’est comme l’Eglise de Scientologie! Ils entrent, disent qu’ils peuvent faire de toi quelqu’un de meilleur, puis ils commencent à te désorienter en te donnant beaucoup de marques d’affection."
Bien sûr, avec les compagnies de disque, c’est de l’affection et de l’argent.
" Oh oui! Ils trouvent des gens qui ont un centre vide, qui se sentent seuls et ont besoin de çà... quand ils trouvent cà, ils les attachent à eux. Ça devient une religion d’extorsion. C’est parasitaire," murmure Brendan.
Et pendant toutes ces années les Dead Can Dance sont toujours restés fidèles à eux-mêmes et à leur incroyable musique. C’est bien d’être capable d’avoir confiance en quelque chose maintenant que leur créativité est au sommet. "Nous avons toujours reconnus les dangers de çà. Nous voulons rester des gens complets; nous voulons être autonomes. Nous ne voulons pas sacrifier notre conscience pour la gloire et l’argent," Brendan rit doucement.
" C’est la différence entre l’endroit où nous vivons, et là où nous avons vécu. C’est tellement facile d’être séduit par l’ambiance d’un endroit comme celui-ci. C’est impossible d’être séduit par un endroit comme l’ Ile aux Chiens ou les endroits où nous jouons. Ils n’étaient pas attractifs," pointe Lisa avec force . "C’était super difficile de faire un concert ensemble là où nous étions, et les gens n’étaient pas communicatifs. Ils n’étaient pas réceptifs à ce que nous faisions. C’était un combat. Ce n’est pas comme ici où cela prend des proportions importantes; nous n’avons jamais obtenu çà. Ça arrive seulement maintenant, vous savez! Nous tenons bon sur ce petit bout de terre pour pouvoir survivre à l’expérience complète. Et heureusement le travail nous aidera à vivre cette expérience."
Nous sommes assez mûrs pour ne pas être affectés, heureusement... non, pas heureusement: cela ne sera pas," termine Lisa.
Ainsi Dead Can Dance a acquis son tempérament à travers son expérience. Lisa acquiesce, expliquant, "Ce que nous avons traversé ensemble en tant qu’êtres humains, cette relation, c’est ce qui a été important dans notre travail. Toutes ces pressions . Ca n’a pas été seulement une relation de travail, cela a été deux personnes qui ont expérimenté douze ans de leur vie ensemble, le travail étant partie intégrante de cela. Mais je ressens que les choses sont plus claires pour moi à travers 12, en fait 15 ans de travail. Les gens disent « Comment peux-tu dire çà ? » C’est parce que mon travail m’a permis de créer une sensitivité dans ma vie qui me permet de voir. Sinon je ne suis pas sensibilisée; je suis engourdie. Et si je travaille avec Brendan c’est grâce à Dieu ! parce que vous savez que cette personne a aussi du tempérament, a moulé son épée. Il a martelé le fer chaud de son existence en une forme tangible qui peut être lancée sur la terre et tenue fermement et dirigée, extatique et excitable. Ça ne retombe pas dans le névrosé, anxieux, stressé... Vous ne pouvez jamais séparer votre personnalité du travail."
"Ce travail n’a jamais existé à part de notre vie personnelle," ajoute Brendan . "Les gens grandissent et ont soudain des problèmes avec le principe que l’art est la vie et la vie est l’art, ce qui devrait être."

C’est pour çà que vous n’aimez pas Los Angeles, où l’art est le plus souvent un artifice. "Oh oui, exactement," acquiesce Brendan avec un sourire espiègle., "En fait, cette chaise n’est pas vraiment là, c’est une illusion. Une invention de votre imagination."

" Non, c’est un objet posé là par votre ennemi," déclare Lisa sur un ton dramatique. "C’est l’illusion optique ultime vous devez faire attention aux ennemis...soyez prudent," murmure-t-elle.
Le fait de mentionner l’ennemi rappelle avec nostalgie à Lisa avoir vu un jeune groupe entrer dans le bureau de 4AD un peu plus tôt. "Ils m’ont tellement rappelé Brendan et moi quand nous avons été chez 4AD à Londres. Et vous pensez, sacré nom de nom, vous avez tellement de chance d’être tombés ici! Vraiment, ils étaient si mignons, naturels et fragiles, et grâce à Dieu ils sont entrés là!
Et merci mon Dieu qu’ils ne soient pas entrés dans certaines usines comme...hum..."
Brendan la presse avec humour, "Des noms, des noms! Je veux des noms!"
"Méchant! D’accord...comme, disons, la Warner distributrice de 4AD aux USA". Par chance, Dead Can Dance peut se permettre le luxe d’avoir le gros W derrière eux plutôt qu’au-dessus. "En fait ils sont derrière Ivo... nous sommes éloignés d’eux," Lisa rit, admettant, "Je ne serais jamais capable de percevoir, et je sais que Brendan non plus, "oh, est-ce que ceci va se vendre?'" C’est comme une langue étrangère."
" C’est comme quand vous entrez dans une maison et appelez, « Est-ce qu’il y a quelqu’un?'" dit Brendan en riant . “Mais ici encore, c’est dans la nature des compagnies multinationales. Vous vous rendez compte que cet album est sorti alors qu’il y en a 300 autres cette semaine. Woaw! Ce sont les moyens de la Warner. C’est effrayant."
Lisa en a le souffle coupé, "Je ne savais pas çà," en sirotant sa bière. "Mais j’espère que les gens commencent à chanter les éloges des groupes avec une âme vraie. "Ca a toujours été un contrat social en un sens, un truc à la Rousseau. Ce sont ces gens qui ne changent pas les choses. Vous avez des groupes qui sortent toujours le même produit, puis les gens s’en lassent et veulent du changement. Malheureusement ça prend une longue période de stagnation avant que vous ayez envie de changer à l’intérieur de la société. On pourrait appeler çà un cycle de 10 ans," explique Brendan.
" C’est aussi le fait que ce n’est pas comme s' ils pouvaient contrôler ce que les gens écoutent maintenant. Je veux dire, dans les années 50, nous n’aurions pas pu écouter la musique des pygmées. Maintenant nous avons ce choix incroyable de musiques à écouter," dit Lisa.




" Si vous écoutiez les pygmées vous auriez un prêtre qui viendrait à votre porte, disant « Nous pouvons vous sauver, il n’est pas trop tard!'" dit Brendan en riant .
" Exactement!" ajoute Lisa. "Il y a toutes ces crises morales! Maintenant les gens ont le choix, et peuvent s’identifier avec quelque chose avec lequel ils peuvent se sentir intimes. Je pense que c’est salutaire."
" Il y a aussi ce lien étrange avec les cultures d’Europe de l’Ouest. Chaque fois que quelque chose meurt, il y a ce sens de la préservation: préservation de la faune animale, préservation des sociétés, des forêts tropicales. Il y a cette zone dangereuse avant que les gens disent vraiment « ça suffit, nous devons nous arrêter:" raisonne Brendan. "Et à présent il en résulte une conscience de ces musiques et cette culture."

Et cela se reflète dans cet album émouvant. Nous en arrivons à ce qui fait de Dead Can Dance un groupe vraiment unique: leurs facultés de perceptions, pas seulement leur histoire. Et au-delà du propos de paix d’ Into the Labyrinth, il y a aussi de la colère à propos de l’abus des cultures du monde et de l’érosion de l’instinct tribal. "Tell Me About The Forest" parle de ça," dit Brendan, “il s’agit de l’observation de l’érosion actuelle des cultures et des gens, les gens ruraux sur la planète, qui voient l’émigration comme une clé de la culture du monde, tous les mécanismes capitalistes qui éloignent les gens de leur spiritualité, de leurs racines. C’est le positivisme de la demande, "peux-tu me dire d’où tu viens:" murmure-t-il. "C’est étrange. Parce qu’en Amérique il y a un tel mélange de cultures Européennes, et cette histoire me fascine. Et cela m’a étonné qu’il y ait un tel rejet de là où les gens viennent, pour soucrire au concept du rêve américain. Vous pouvez changer, et c’est toute la part de cet idéal de modernité dans lequel vous devez vous efforcer à cette destinée dans le futur, et tout œuvre vers cette linéarité: modernisme, science occidentale, la technologie est notre sauveur, c’est la tête de Dieu. C’est à cela qu’ils travaillent. Mais quand vous avez côtoyé les gens et leurs anciennes traditions, vous comprenez alors que les cultures suivent un chemin circulaire, un cercle, le temps : il va et vient. Les religions sont réincarnées, elles ne sont pas dans une ligne droite vers le paradis ou vers l’enferl. Nous sommes devenus une part de ce cosmos, et nous tournons et nous dressons comme des êtres vivants... nous redevenons capables de respecter les choses qui nous ont conduits là."
Brendan, le respect est la clé. Respect de la culture de vos ancêtres... beaucoup trop de gens sont embarrassés par leurs différences. Pourquoi tant de gens changent-ils de nom?
" Je trouve çà bizarre aux USA, ce contraste, cette dynamique entre le rêve américain et le passé des cultures rompues, des gens déracinés qui viennent ici," dit Brendan.
Lisa prend au vol la pensée de Brendan. "Les gens ne sont pas contents de leur sort. Quand vous regardez des gens comme nous, de notre âge à peu près, quand vous arrivez à 18 ou 19 ans, ce groupe d’âge, vous dites 'Allez hop, je n’aime pas çà, ce n’est pas ce que j’avais prévu!' Vous pouvez toujours voir... il y a un point, même si vous avez été endoctriné par votre éducation, il y a ce moment où il y a une brèche et c’est le point de rupture pour certaines personnes jeunes. Elles peuvent percevoir qu’il y a quelque chose d’autre qui vit dans leur insconscient... Et tout à coup ils sont projetés hors de çà... cinq ans après vous ne croyez plus rien de tout çà, parce que c’est envolé! Et c’est çà que nous avons empoigné à deux mains!" rit-elle, attrapant la table avec toute son énergie.
"C’est ce que vous devez maintenir, et c’est vraiment dur! Et j’encourage tout être humain à être un esprit brave, et de tenir bon à quelque chose et d’aller au bout de ses envies créatives, même s’il s’agit de capacité à communiquer simplement. Essayez de garder cette chose vraie dans vos vies!"
" Ce monde a besoin de cette tension adolescente. C’est triste de voir que cela a été bousillé et manipulé par la société dans laquelle on vend l’enthousiasme des jeunes aux jeunes, dans tous ces accessoires, tous les pièges, le look. Et ils marchandisent la jeunesse, et c’est tellement triste car nous n’apportons pas de réel optimisme," murmure Brendan dégoûté. "La beauté de la naïveté..."
" Ce n’est pas être pris pour un clown, n’est-ce pas, cette beauté de la naïveté..." se désespère Lisa, qui permet à Brendan d’ajouter, "C’est considéré comme une faiblesse..." avant de se concentrer sur ce qu’elle dit. "Des centaines d’années ont passé pendant lesquels les gens ont fait ces clacka-ta-clacka-ta-clacka de percussion, et cela a été ridiculisé, et cela a des centaines d’années. Qu’est-ce que vous pouvez espérer de l’Occident, réellement? Vous devez le sortir et le trouver. Vous devez le trouver par vous-même, et c’est vraiment dur à trouver. Personne ne va le metre dans votre main. Ce n’est pas comme quand vous aviez 5 ans et que vous faisiez... clacka-ta-clacka. Vous n’avez pas ces rituels ancrés qui sont en contact avec votre moi profond. Vous avez été élevé dans le déni du naturel!" La voix mélodieuse de Lisa devient stridente de colère. "Qu’est-ce que c’était que j’ai entendu l’autre jour... ne faites pas confiance à vos sentiments! Vos sentiments ne vous aideront pas à vous en sortir dans l’avenir!"
" Mais vous devriez rester en contact avec vos sentiments!" ricane Brendan. "Ils vont d’un extrême à l’autre!" s’exclame Lisa, cherchant mon approbation du regard.
Je suis d’accord: ils doivent vous apprendre à rester proches de vous-mêmes quand vous avez 18 ans, au lieu d’avoir une société de névrosés de 40 ans en thérapie à la recherche de leur enfance.
" Quand allons-nous rompre cet echo constant de notre culture qui ne fait que nous transformer en robots? Quand la roue va-t-elle tourner? J’aimerais bien voir çà une fois dans ma vie! Il y a plein de gens courageux qui essaient désespérément de faire tourner la roue, mais c’est l’enferl! C’est un vrai combat!" dit Lisa avec passion, en regardant Brendan.
Brendan ajoute. "En tant que société nous n’avons pas la ressource de nous débrouiller avec ces problèmes. Tout est tellement imbriqué. C’est l’une des choses que nous avons appris à travers notre relation avec la musique, la valeur thérapeutique, les aspects éducatifs à travers notre musique. C’est intéressant la façon dont les cultures rurales règlent ces problèmes, en termes de transe sur la musique, ce que notre société chrétienne regarde comme quelque chose de barbare et primitif. Ils se confrontent aux choses primitives, au côté le plus sombre des choses. Il y a des côtés sombres en vous qui sont habités par les démons que vous supprimez. Toutes sortes de choses arrivent à l’intérieur d’une société répressive, ou d’un individu réprimé. C’est étonnant que la musique soit un tel medium pour ouvrir les canaux qui permettent d’expulser ces choses: de vous sentir bien, dans votre corps et dans le monde dans lequel vous vivez. D’être capable d’exprimer vos frustrations: si vous êtes en colère, montrez votre colère!

" Il y a des musiques qui sont comme des mantras, des choses qui s’offrent à vous capables de stopper la conscience de trop se soucier d’exorciser, et de laisser apparaître l’inconscient à travers. Vous pouvez voir ce que vous avez en vous que vous avez réprimé et lui dire adieu.
Faire sortir cette pollution mentale vicieuse au lieu de la garder en soi. Et la musique peut permettre cette expression."
" Exact. Et la relation occidentale, en termes de musique, est grotesque. Vous mettez un violon entre les mains d’un enfant de 5 ans et espérez qu’elles conduisent le violon, qui est une pièce de machinerie incroyablement compliquée! Nous devrions leur mettre des percussions dans les mains! Laissons-les grandir, donnons-leur des racines solides!" déclare-t-il.
Lisa s’exclame, "Exactement! Parce que quand ils font çà, eh bien, vous n’aimez pas le violon, alors vous ne devez pas être musicien!"
" Et après ils ont ce complexe toute leur vie," Brendan hoche la tête avec un soupir moqueur. "Je suis allé seulement jusqu’au 3e niveau en piano. Eh bien!"
" Tu ne peux pas chanter! Tu ne peux pas chanter, tu n’as pas de voix, c’est un dièse! Comme si dièse ou bémol avait quoi que ce soit à faire avec le chant de toute façon!" lance Lisa avec des yeux pleins de colère.
" C’est parce que la façon dont nous abordons la musique est celle d’une distraction," continue Brendan. “Et il y a trop d’accent sur la musique comme une distraction. Cela devrait être une partie nécessaire de la culture. Cela devrait être une partie de la communication, de l’éducation, de la thérapie, de la méditation."
" Et pas forcément quelque chose de très cultivé, non plus. Quelque chose de brut... pas ce qui..." Lisa rend sa voix plus profonde pour adopter un ton cultivé par moquerie, "cela doit tomber dans l’oreille, cela doit être homogène..."
Brendan rit gaiement, "Homogène. Elle est bien bonne. C’est un terme utilise en crèmerie, n’est-ce pas? Musique pour le troupeau, n’est-ce pas?"
Lisa sourit à notre fou rire, murmurant "Vous comprenez. Cela n’a pas à “tomber” dans l’oreille. Cela doit créer une sensation..."
Le discours passionné de Lisa à propos de la voix nous fait réaliser que c’est la réaction qu’elle a provoqué quand les gens ont entendu pour la première fois sa voix magnifiquement chaude et irrésistible.. Elle soupire, décrivant, "J’ai eu un problème avec la presse à cause de la façon dont je chante. Alors j’ai arrêté de parler à la presse. Je pensais qu’un jour cela me serait possible de parler à nouveau, et cela arrive maintenant. La presse anglaise est très forte, et ils sont très cyniques, et quand ils ne sont pas cyniques, ils n’ont rien à dire. Je n’ai pas envie d’être confrontée à çà."


" Il y a eu des interviews truquées qui ont été organisées avec moi et Big daddy, un catcheur. C’était assez sympa, en fait, mais j’ai juste pensé qu’il n’y a pas d’intérêt à parler avec ces gens s’ils parlent pour moi. Ils ne vont rien écrire de ce que j’ai dit. Le principe était un commentateur célèbre de football qui nous interviewaient Big Daddy et moi en même temps, et j’avais l’impression de flotter alentour avec ma tête qui cognait le plafond de façon très éthérée," dit-elle en partant d’un grand rire de sa voix riche. "J’en avais assez. Je parle un langage qui parle et évolue par lui-même, et j’ai essayé d’expliquer quel est ce travail pour moi, et ça ne marche jamais," soupire-t-elle à nouveau. "C’est un langage, ou un instrument buccal, ou une percussion buccale, quelle que soit la façon dont vous voulez le nommer. Mais je travaille le son de la musique et crée la musique et c’est comme çà! Et je ne pense pas avoir besoin d’orchestrer ce que je fais dans un livret ou une forme littéraire. Je sens qu’il y a une essence à l’intérieur de mon travail qui parle d’elle-même. Et j’ai vécu avec çà, et cela me suffit de le contempler.
C’est très dur... le travail parle de lui-même ou ne le fait pas. Et quand vous essayez d’encourager les autres qui travaillent dans la même arène que vous ... Je connais des gens qui travaillent sans mots qui sont très puissants. Ils sont comme.." elle imite une voix glaciale et incompréhensible, "aussi bien qu’ un aboiement..." rit-elle de sa propre imitation. "Mais je ne pense pas que je puisse faire çà sans musique. Mais je pense aussi que je devrais avoir peur de parler de ce travail. Maintenant quand vous le faites bien. Nous continuons à explorer le concept de la musique en tant que thérapie, et nous demandons pourquoi les gens prennent de la drogue au lieu de travailler à démêler la toile d’araignée entortillée de leur vie."

L’effet de la drogue sur la culture et la vision de l’artiste fait remarquer à Brendan,
"C’est intéressant, parce que la Cabbale le mentionne, ainsi que le Bouddhisme." (FYI: La Cabbale est une partie occulte de la doctrine Hébreue à la fois écrite et sous-entendue. Les premiers textes sont apparus en 300 avant JC et se sont succédés jusqu’en 1300. La doctrine a un impact profond sur la littérature médiévale.) "Ils ont une relation bien plus intelligente au contexte de la drogue et aux états mentaux altérés. Ils le mentionnent comme des entrées illégales dans l’apparence. C’est comme un univers parallèle qui fonctionne à côté du nôtre, dans lequel on peut entrer, et le goûter: c’est une déchirure du vêtement métaphysique. Ils enseignent que quand vous prenez ces drogues, vous feriez mieux de vous préparer à ce qui va arriver; vous feriez mieux de savoir ce que vous faites. Vous utilisez cette source pour entrer illégalement dans une autre dimension.

Cela rend plus clair... la raison pour laquelle les artistes sont si attirés vers les substances qui altèrent le mental particulièrement à travers leur art. A travers la musique ou la peinture ou quel que soit le medium qu’ils utilisent, ils ont un aperçu de ce monde parallèle. Mais ils le font naturellement. Mais parce qu’ils ne peuvent pas le maintenir, ces petites révélations, dans leur désespérance de ne pas être là tout le temps...et puis cela devient un vrai échappatoire. Je ne veux pas vraiment vivre dans ce monde, je veux vivre dans celui-ci," dit-il avec un geste. "Il y a un prémice suicidaire dans ces drogues, comme l’héroïne; généralement ils ne sont pas vraiment heureux parce qu’ils ne peuvent pas tout avoir. Jim Morrison disait « Je veux le monde, et je le veux maintenant.' C’est une rodomontade de quelqu’un qui ne peut pas avoir ce qu’il veut tout le temps."
Et cette déperdition dans un univers parallèle... "C’est une addiction," termine Brendan.
"Alors le truc c’est d’y avoir accès par le mental, pas par la substance. Dire non ne suffit pas: essayer de se demander pourquoi ou à quoi vous voulez échapper?
"C’est si difficile de gagner le fond du problème. Je ne pense pas que qui que ce soit soit vraiment équipé pour arriver au fond des problèmes de la vie des gens," murmure Lisa, pensive. "Nous tâtonnons tous dans le noir parce que nous n’avons pas cette histoire culturelle quotidiennement répétée qui nous dit qui nous sommes à l’intérieur de notre communauté, de nos familles et dans le domaine amical. Nous n’avons pas cette connexion culturelle. Nous sommes seuls. La seule façon dont la médecine, ces travaux chamaniques, parce que vous pouvez ramener une personne, vous pouvez leur chanter leur histoire, leur rappeler à quel point ils sont dans leur culture. Vous pouvez les guérir à travers le chant, ou la peinture de sable. Nous n’avons pas les outils pour faire cela parce que nous avons délaissé nos enfants; nous avons délaissé nos amis! Nous travaillons dur pour créer une relation interpersonnelle avec nos amis, mais dès qu’ils ont un problème c’est comme," Lisa adopte une voix cruelle, " oh mon Dieu, je ne veux pas connaître cette personne, elle est dans une mauvaise voie! L’avez-vous vue récemment?" termine-t-elle, sa voix tombant tandis qu’elle ouvre ses yeux expressifs avec une expression horrifiée.
" C’est un problème anthropologique. Comment l’individu peut-il s’assimiler avec une tribu, qui est essentiellement le problème, parce que nous avons tendance à célébrer l’individu au dépens de la famille des amis, de la tribu. L’individu est ce que nous cherchons. Quand vous y pensez, c’est à propos d’être des dieux. C’est ce à quoi ça mène, parce que le futur est toujours gouverné par la projection de toute idéologie donnée. Et cela semble être la ligne de pensée. Mais la tribu est l’équilibre de l’harmonisation, le sens de la vraie démocratie. Les civilisations les plus équilibrées ont compris cela," explique Brendan .

Il est temps pour l’éternel pessimiste de s’interposer. Pour moi, nous avons perdu tout sens de cette unité tribale avec l’Occidentalisation. Ce genre de sons qui guérissent comme un but inatteignable dans ce pays fracturé parce que...
Lisa tressaillit avec sa voix puissante et aiguë, "Non! Ce n’est pas çà!" On ne peut pas échapper à son regard urgent. "Regarde... imagine que tu es complètement déprimé, et que quelqu’un vient, quelqu’un de ta famille, et ils se rassemblent, et ils disent OK, cette femme est complètement déprimée. Ils font un diagramme, une peinture de sable ou un dessin, et ils disent tu es née de cette mère et de ce père, et ils parcourent toute l’histoire de ta vie méthodiquement , pour t’aider à retrouver ton commencement et de t’identifier à ce que tu étais... ce n’est pas impossible pour nous de le faire! Nous devons faire cela pour nos enfants... nous devons prendre cette responsabilité!
" Je dis cela à propos de la société occidentale: vous regardez toujours dans la mauvaise direction! Vous regardez toujours à terre, autour et au loin... et cela se trouve ici!" Lisa montre fermement son coeur. "C’est si petit, si simple! Et nous pouvons retourner à l’état de famille, au lieu de nous isoler nous-mêmes des gens qui nous aiment le plus. Nous avons la responsabilité des autres, non?"
Et ça vous fait vous sentir bien à l’intérieur...
" Bien sûr! Regardez, si je suis déprimée quand je suis en tournée, quelquefois quand je suis dans une situation dans laquelle je me sens complètement perdue, et j’ai besoin de me connecter, je ferme simplement mes yeux et m’imagine que je suis dans une station de train avec ma famille. Vous avez cette familiarité, et quand vous regardez les autres cultures, qu’est-ce qui les rend forts? La familiarité. Des chansons qui sont vieilles de 100 ans. Un battement de tambour qui éveille la même familiarité... C’est votre médicament.
Et c’est ce que nous faisons, de la médecine. Nous le faisons pour nous-mêmes, et je l’espère pour les autres. Un chemin vers quelque chose de familier. Et je sais que les gens pensent qu’il y a quelque chose de familier dans notre travail, à cause des réponses que nous avons reçues."J’ai l’impression de rentrer à la maison quand j’entends votre musique."Je l’ai expérimenté quand je vous ai vus en concert. Oh, je suis parti, j’avais l’impression de flotter..."vous rentrez à la maison et c’est comme si, mon Dieu, je dois encore travailler et je dois retrouver çà, et c’est génial!" elle lance un petit rire léger, en rompant avec le ton très sérieux que nous avons adopté dans l’obscurité.

Parler d’être transporté... sommes-nous toujours à Los Angeles?

Mais c’est çà la magie sublime de Dead Can Dance. Ils touchent quelque chose dans le subconscient qui illumine votre esprit , qui et où que vous soyez. Lisa pense que, "Mais ce n’est pas seulement notre musique. Vous pouvez trouver une autre musique qui n’a pas été corrompue ou polluée par l’ego. Elle peuvent vous mettre en contact avec ces choses aussi. Les gens sortent tout droits de notre chemin pour nous sortir de nos illusions..."
Mais c’est tellement plus apparent dans la musique de Dead Can Dance. Vous rendez l’état de grace aisé. "Ils doivent en être capables puisque nous le pouvons. Nous pouvons pendant que nous le faisons. C’est tellement merveilleux, bien que ce soit difficile des fois," admet Lisa . "Il y a des fois où même quand nous nous décrivons des chansons, c’est comme, mon dieu, comme des araignées qui courent sur votre tombe.."
" Quoi?" explose Brendan, son visage comme un masque de rage feinte. "Censure çà! Cette pensée est essentiellement Gothique!"
Lisa se moque de lui, continuant, "Non, tu sais ce que je veux dire! Comment nous nous décrivons les choses l’un à l’autre."
Elle murmure soudain, "La chose la plus sympa avec l’interview est d’oublier que c’en est une, ce que j’ai fait," et elle lance un regard accusateur à Brendan avec ses yeux intenses.
Brendan tout contrit murmure, "je plaisantais"
" Mais la plus belle chose à propos de nous quand on fait un disque ensemble est de prendre simplement plaisir à ce moment. Brendan peut arriver et jouer quelque chose sur son clavier..."
" Oui, et je dis que fait cette araignée sur mon clavier?'" dit-il avec un sourire grimaçant, incapable de se contenir.
Cette fois Lisa l’ignore complètement, continuant, "Mais les choses émergent, et vous trouvez un chemin. Tous ceux qui disent que c’est de la prétention ne comprennent pas ce travail. Quelqu’un qui dit: "oh, je fais juste çà. Ce n’est rien. Je fais juste çà, et c’est tout," se moque-t-elle en prenant une voix masculine.
Mais beaucoup de musiciens ont cette attitude bizarre: Ah bon, j’ai du talent ? non, pas moi!
"C’est parce qu’ils ont peur. Et ce n’est pas avoir peur, c’est être courageux. Ils ont tellement peur que les autres personnes vont penser qu’ils sont un peu fous, ou romantiques. Oh, le romantisme, il ne nous est pas permis d’être romantiques", soupire-t-elle.
"Surtout quand vous avez beaucoup de votre égo engagé, ou de personnalité. La dernière chose que les gens veulent entendre c’est que ça vient de l’inconscient, que ce n’est pas voulu. Non, je contrôle mes facultés. C’est un autre mal dont nous souffrons, nous sommes si égocentrés. Conscients? Oui, j’ai une conscience. Je la garde dans mon garage. Dégagez, je conduis cette satanée voiture sur la route, pas l’inconscient. C’est vraiment une attitude de forte tête. Oh, désolé, Li," ricane Brendan .
" Oh, non je vais bien... le puits est à sec," elle rit en ignorant cette interruption. "C’est une chose rare!" plaisante-t-il, riant encore.

Il est temps de s’arrêter. C’est un de mes propos, et vous le prouvez par la poigne solide de ce que vous faites: il n’y a pas assez de groupes comme vous créant consciemment de la musique thérapeutique comme une expérience de guérison tribale , utilisant des cultures et rituels anciens. (Et non, je ne vous classe pas dans le new Age.)
" Non, ce n’est pas vrai," déclare Lisa. Maintenant c’est à mon tour de demander des noms!"
" Eh bien, vous ne pouvez pas les entendre!" s’exclame-t-elle. "C’est çà le problème.
Brendan crée un nouveau label maintenant, et il va essayer. Il peut faire sortir toutes sortes d’albums, mais plus vous touchez de gens mieux c’est. Les gens font beaucoup d’argent avec la musique”
" L’argent devrait créer le portail qui vous guide... vous dites dans , mais je dirais hors du désordre," explique-t-elle. "C’est une question de vie ou de mort pour moi quand je communique et que l’âme de cette personne peut entendre ce que je communique. Ou peuvent-ils l’entendre avec leur oreille interne... l’âme est ambiguë.
Mais on en revient au problème de l’individu. La plupart des artistes ne prennent pas leur argent pour le réengager pour faire encore plus de musique! Certaines personnes créent des labels pour aider les autres, mais généralement ce ne sont pas des méga-millionnaires."
" Non, je préfèrerais créer un parc d’attractions," dit Lisa sèchement.
Brendan examine cette remarque presque méchante. "De qui parles-tu maintenant?" "Pourquoi, je ne sais pas," répond Lisa avec un regard innocent.
Text – Sandra A.Garcia – Photos – Sandra C.Davis
Magazine B-Side Dec93 / Jan94