musique thomas mann: les dossiers: le Jazz Swing: influence sur la musique française

Dans les années 30, en France, le Swing va déboucher sur le Swing Manouche inventé par Django Reinhardt (1910-1953). Il réinventa une musique qui correspondait à son héritage Manouche: virtuosité, expressivité, prédominance des cordes (guitare, violon, contrebasse). Sa collaboration avec Stéphane Grappelli dans le Quintette du Hot Club de France correspond à l'apogée d'un style de Jazz Européen original.

"Minor Swing"
Django a joué et enregistré avec les plus grands du Swing: Coleman Hawkins, Bill Coleman, Benny Carter,Duke Ellington...ayant perdu deux doigts dans l' incendie de sa caravane, il réapprit à jouer avec les 3 autres, avec un courage et une volonté peu communs...

Django avec Stéphane Grappelli et le Hot Club de france en 45

Par la suite de nombreux chanteurs de variétés se sont inspirés à leur tour du Swing: Charles Trénet, Yves Montand, Edith Piaf, Mireille, etc...

En France, durant la 2de Guerre Mondiale, le Jazz se répand inévitablement. La France est coupée en deux, les Nazis occupent Paris et les collabos, à la mémoire ultra conservatrice, régissent à coups d'interdictions une jeunesse française qui n'a pas le moral.

Les "Petits Swings" apparaissent. Charles Delaunay, alors Secrétaire du Hot Club est à l'origine du premier festival de Jazz. Il fera jouer au nez et à la barbe des nazis les Hits Américains sous couverts de titres français, pour leur épargner la censure. Ainsi, "St-Louis Blues" devient "la tristesse de Saint-Louis", "Tiger Rag" "la rage du titre" et ainsi de suite...

Le mot Zazou vient des Etats-Unis. Il est parfois attribué à Cab Calloway, mais d'autres le relient aux onomatopées des chanteurs pendant le "scat": zazouzazouhééé!!! les "petits Swing" sont alors rebaptisés les "Zazous".

Ce mot est utilisé dans la plupart des chansons de l'époque, ce qui leur assure le succès. Johnny Hess est le Roi du Swing, ses tubes: "Je suis Swing", "ils sont zazous", composé avec Charles Trénet, entre autres.

Les zazous, c'est aussi un mouvement de révolte contre le régime en cours, mais un mouvement par l'inertie. Les jeunes passent leur temps dans les cafés et se moquent de la politique. Ces provocations sont gratuites, mais calculées. Ils se cachent dans les bars ("le Boul'Mich" à saint-Michel, "le pam pam" à Saint-Germain-des-Prés), les caves, les "partys".

Au niveau vestimentaire, le zazou porte une veste ample qui tombe sur les cuisses avec quantité de poches, la provocation résidant dans le fait que le tissu au mètre est rationné (l'occupant tente même d'imposer un costume national!). Le pantalon est étroit et foncé, la cravate en toile ou en grosse laine brute, étroite. Le col de la chemise est relevé, retenu par une épingle transversale. Les cheveux sont gras et longs, huilés, alors qu'en 42 on récupère les cheveux dans les salons de coiffure pour en faire des pantoufles...Le parapluie est de rigueur, mais toujours fermé, quel que soit le temps.

Les filles portent tresses et cheveux longs. Souvent fardées avec un rouge à lèvres très rouge, et des lunettes noires, elles portent des vestes aux épaules très carrées (cf lauren bacall) sur une jupe courte et plissée. Les bas sont rayés ou à résille et les chaussures en semelle de bois colorées et épaisses. Les Zazous aiment les motifs à carreaux. Ils vont dans les restaus végétariens, où la mode est aux carottes râpées. Les soirées se terminent dans des "surprise-partys" très filtrées, sous couvert de cours de danse, la danse pour le plaisir étant interdite. De fausses écoles de danse voient le jour un peu partout.

Cete prise de position et leur attitude nonchalante leur amènera de nombreux déboires à cette période. Le Mouvement Jeunesse Populaire, la Milice partent à leur chasse, les rasant parfois de force à même la rue, les tabassant, ou les envoyant dans des camps à la campagne faire des travauxd'intérêt général. La plupart d'entre eux se terreront dans les salles de bal en attendant la libération.