lundi 15 janvier 2007

musique minimaliste et répétitive 2

John Cale et Angus MacLise firent partie du groupe de La Monte Young avant de fonder the Velvet Underground (voir post sur le Glam Rock).
Plusieurs groupes de Musique Planante et de Rock Progressif seront inspirés par Terry Riley ce qui se laisse entendre dans les répétitions, boucles son épuré, longueur des morceaux, tout ceci est emprunté au Minimalisme. Tangerine Dream
est l'un d'entre eux.


Tangerine dream "Rubycon part one" (75)

Leur influence sera encore plus grande sur les jeunes compositeurs, voulant sortir de l'institution et de la vision de la musique contemporaine.
Glass et Reich forment leurs propres ensembles, car aucun orchestre ne joue leur musique, et celle-ci est diversement appréciée.
Parmi les nouveaux venus, on trouve David Borden, l'un des premiers à utiliser le Moog Synthetizer avec son groupe Mother Mallard dans lequel tous les membres jouent du synthé. Leur musique est très répétitive, monochrome, étant l'héritière de celle de Riley.

Mother Mallard, "Portable Masterpiece and Co" (phase synth ensemble) Le matériel utilisé est impressionnant (synthétiseurs, consoles, tables de mixage, claviers, amplis), et leur virtuosité est au plus haut niveau. On peut d'ailleurs voir des démonstrations du mode de fonctionnement de ces merveilleuses machines en double cliquant sur cette vidéo, et en cherchant un peu...malheureusement, en américain, je n'arrive pas à tout saisir, mais déjà, voir, c'est intéressant, enfin si vous êtes branché comme moi sur la MAO.


De son côté, Charlemagne Palestine fera des performances en utilisant la même technique que La Monte Young utilise pour son "Well-Tuned Piano". Il frappe les notes du piano ensemble ou presque afin de former des accords riches et de laisser sonner ces accords longtemps tout en refrappant d'autres accords qui entrent alors en résonance, produisant un second niveau de notes très basses qui fluctuent doucement. Le premier niveau sont les notes créées au piano (premier niveau). Les drones sont les notes basses du second niveau et la meta-musique le second niveau entier. Il faut que les accords soient consonants cependant. Le son est souvent gardé longtemps, à la façon de la musique de l'Inde. Ce concert dure environ 6 heures. La beauté de l'oeuvre réside dans les différentes combinaisons et associations entre les deux niveaux et l'exploration de chacun. Palestine se base sur l'énergie et l'émotion dégagée lors de ses performances.
Cette technique nécessite des moments apaisés et d'autres très forts et denses. La musique peut ainsi être très expressive et s'éloigne en cela du Minimalisme.

Un autre type de minimalisme se rapprochant des procédés de Steve Reich (dans "Pendulum Music" par exemple) est celui d'Alvin Lucier. Il utilise des méthodes scientifiques pour produire des sons, sans instrument de musique, il montre la musicalité de divers objets, par exemple le corps humain, une pièce vide, etc. La musique se dévoile petit à petit à travers ce procédé. Dans "I'm sitting in a room", il enregistre sa propre voix qui récite un texte. Ce texte court est répété pendant la durée totale du morceau (40 minutes). A chaque diffusion le texte est légèrement modifié du fait de la résonance naturelle de la pièce dans laquelle se déroule l'expérience. Les fréquences propres de la pièce se dévoilent au fur et à mesure du morceau. La seconde partie de l'oeuvre est tout simplement fascinante, elle n'a plus rien à voir avec un texte parlé et révèle tout un monde musical insoupçonné.

En fait, depuis les débuts du minimalisme, toute musique qui utlise de manière prédominante la répétition peut être considérée comme une émanation de celle-ci.
Une partie de la musique de Meredith Monk (voir video plus haut) où la répétition est très importante, alliée à une instrumentation dépouillée (voix, piano), s'y rattache au niveau du style. Ses Vocalises expérimentales sont très originales. Pauline Oliveros et ses travaux électroniques ("Bye Bye Butterfly" en 65) sont souvent très dépouillés, ou répétitifs. Tom Johnson, lui, énumère la totalité des accords possibles sur une octave d'un piano bien tempéré (une note, deux notes, jusqu'à 6 ou 7 notes jouées ensemble).

Entre 71 et 74, Phil Glass compose "Music in Twelve Parts". Cela va lui apporter la notoriété. L'oeuvre dure près de trois heures et demie et reflète le style du compositeur: texture uniforme, orgues électriques et instruments à vent prédominants, flot continu de musique, complexité rythmique, sensuelle, hypnotique, rappelant les ragas indiens.

Avec "Einstein on the Beach", premier vrai opéra minimaliste, en 76, il est enfin reconnu. C'est une oeuvre plus abordable, plus variée, avec des partie vocales importantes (choeur, solo, mais toujours répétitive). voir video plus haut.

Reich aussi est très prolifique, ce qui lui apportera la notoriété. Dans ses oeuvres la répétition, les percussions, le rythme et la richesse instrumentale règnent. Il abandonne les expérimentations sur bande magnétique et étend son procédé de déphasage à des instruments classiques (orgues, violons).

Après avoir composé "Drumming", sa musique s'enrichit encore, débouchant sur "Music for 18 Musicians", oeuvre encore minimaliste par ses répétitions incessantes, à l'effet hypnotique.

Lien vers l'analyse de cette oeuvre

Au cours des années 70 le mouvement aura produit des oeuvres de plus en plus variées et moins radicales. On le retrouve dans les musiques de films tels que "Kundun" ou "Mishima" de Phil Glass, "La leçon de Piano" de Michaël Nyman, "le fabuleux destin d'Amélie Poulain" de Yann Tiersen qui ont toutes le même côté obsédant et très tonal.

"Kundun" (Phil Glass)


"La leçon de piano" -The promise (Michaël Nyman)


"Monochrome"(Yann Tiersen)


De même la musique Pop Ambient dont le principal représentant est Brian Eno qui admet avoir été influencé par La Monte Young et Phil Glass.

Brian Eno & H. Budd :"the chill air"


Le Rock, qu'il soit Progressif (Soft Machine et la musique planante Allemande) ou expérimental (le Velvet Underground et les travaux de la période berlinoise de David Bowie) ont subi son influence.

David Bowie "Warszawa" (album composé à Berlin dans les 70's)

Bon, on sait bien que Bowie a toujours sû s'adapter à tous les courants, mais là c'était très éloigné de son vécu musical quand même, et c'est vraiment très réussi au niveau de la composition.

Les musiques contemporaines se mélangent de plus en plus à la Pop, au Rock, aux musiques improvisées avec des auteurs comme John Adams, Rhys Chattam, Glenn Branca, Michael Gordon, et bien d'autres.
La prochaine étape sera la grande aventure du mouvement Techno et de l'Electro mais cela demande un autre dossier que je suis en train de concocter amoureusement avec plein d'extraits musicaux et des vidéos pour appuyer mes propos. le mois prochain sans doute.

J'espère que cette lecture vous a été agréable, et à plus!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà comme promis, je suis venu lire ton dossier.
Très complet et très instructif.
Je comprends mieux la démarche de ces artistes. Je t'en remercie.
Et tu fais un boulot !
C'est remarquable !
Je t'embrasse très fort !!
Charly, l'inculte repenti.

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci