lundi 15 janvier 2007

Arts et Minimalisme

Le Minimalisme est un mouvement artistique d'après-guerre qui prône des formes géométriques simples, épurées jusqu'à la disparition de toute expression. Les matériaux sont du registre de l'impersonnel et sont puisés dans les produits industriels (béton, fer) ou manufacturés (bois, plastique).
Ce qui caractérise le Minimal Art, c'est la façon dont le support devient significatif. Il cherche à développer ses effets en réduisant le plus possible l'expressivité. Dans cette perspective, seule compte l'idée, et la notion de neutralité.
Le Minimal Art (appelé pour la première fois ainsi par le critique Américain Richard Wollheim), prend une signification esthétique dès 1962 en réaction et en complément à 'l'Expressionnisme abstrait
des années 50 et à la figuration du Pop Art (qui consiste à faire d'un objet usuel, voire usagé une oeuvre d'art.)
Cette recherche de l'absolu sera radicale et aboutira à une oeuvre, peinture ou scupture, réduite à sa plus simple expression, avec le souci d'une économie de moyens.
Le terme de Minimal Art s'applique aux arts plastiques (peinture, sculpture), à la musique, à la littérature, ainsi qu'à la danse avec toutes sortes d'entrées possibles. L'unique caractéristique commune à tous est le but d'en faire "plus avec moins".(More is less")
Les artistes utilisent une petite quantité de matériaux et de structures concentrées pour bâtir des oeuvres au moyen de répétitions, d'extensions ou de transformations graduelles qui ont souvent un effet hypnotique sur le spectateur ou l'auditeur.
Dans les années 60, à une époque où la complexité et les rapports au progrès, au scientifique, au mathématique sont à un pic, l'attitude de ces néomodernistes est à la fois une provocation et une attitude qualifiée de "vraie avant-garde" (Salmenhaara).
Excelsior Springs (USA 1928, New York 1994) Donald Judd


En Sculpture, le mouvement Minimaliste, né dans les années 60 aux USA marque profondément l'Art Contemporain, et préfigure l'Art Conceptuel. En effet, l'Art minimal prétend débarrasser la Peinture de tout ce qui ne lui est pas spécifique: plus de sujet, plus de forme, mais seulement la couleur sur un grand format. La sobriété, exprimée par quelques couleurs vives, constitue son Credo artistique.
Le Minimalisme regroupe des artistes tels que Franck Stella, Donald Judd, Carl André, Robert Morris et Sol Le Witt, mais qui s'en détacheront ultérieurement. Leur travail et leur réflexion portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l'espace. Les oeuvres sont des
révélateurs de l'espace environnant qu'elles incluent comme un élément.

En Peinture, on se contente de formes et de couleurs basiques. D'une manière caricaturale le Minimalisme atteint le degré zéro de l'art dans le fameux "Monochrome bleu" d'Yves Klein. (1960, nous les avons vu avec les 4èmes cette année au Centre Georges Pompidou.)

En Littérature, l'un des sommets est ce poème d'Arthur Rimbaud
Cocher ivre

Pouacre
Boit:

Nacre
Voit:

Acre
Loi,

Fiacre
Choit!

Femme
Tombe,
Lombe
Saigne:

Clame!
Geigne.

Une petite citation: "Ici le nom se détache de ce qu'il nomme. Ici le reflet décrit de sa fantastique écriture un monde où le mur n'est mur qu'autant que la tache du soleil s'y attache".

Ici commence...ARAGON, Jean, Le Roman Inachevé, 1956.

On peut citer également Marie Redonnet (1948-...) écrivaine Française.
Elle décrit l'écriture comme un processus violent qui lui permet d'écrire un texte entier en près de dix jours. Une période de vide suit, après laquelle elle produit une nouvelle version complète. Elle répète ce processus autant que nécessaire jusqu'à la version finale.
Cette façon d'écrire réduit le rôle de la conscience et du souci esthétique. Elle ne veut pas mettre de distance entre son écriture et ses sources: c'est pourquoi elle refuse la réthorique et les grandes phrases. Par contre, son écriture est plate et nue, d'un style minimaliste qui dépend beaucoup de la charge symbolique de la langue, des répétitions significatives, des nuances d'emphase, et pour finir, d'un certain humour.
L'écriture est trop précieuse pour qu'elle ne la dépense sans compter. Sa trilogie: Splendid Hotel, Forever Vallee, Rose Mélie Rose.

On retrouve ce processus de répétition de motifs dans le roman de Jean-Philippe Toussaint, "La salle de bains". L'écrivain décrit ses actions quotidiennes, dans la salle de bains, dans les moindres détails, les transformant en des événements héroïques. L'acte de se raser, la fissure dans le mur, sont autant de prétextes. En fait, il recherche l'immobilité totale.

Dans le domaine de la Danse, dans les années 50, naît la "Judson Church" aux Etat-Unis. Un groupe de danseurs (dont Trisha Brown), de musiciens (Terry Riley, La Monte Young) et de plasticiens (Robert Morris) se rassemblent autour d'Anna Halphrin. Celle-ci est à l'origine de ce que l'on nomme "Performance". Elle danse en baskets, dans la rue ou dans des lieux inhabituels (hangars) et conçoit un mode d'expression à base de gestes du quotidien développant le concept de "Task" (tâche à accomplir) dont vont s'inspirer les membres de la Judson Church (notion d'accumulation et de répétition qui sont elle-mêmes des consignes ou des tâches).

En 62 un groupe se constitue, chacun partageant les expérimentations de l'autre, leur premier récital aura lieu dans le Judson Church (église). Trois heures de performance qui marquent le début d'une ère nouvelle pour la Danse Moderne. Meredith Monk se joindra au groupe (Jazz) ainsi que les musiciens Reich, Riley et Glass.

Meredith Monk (chanteuse et danseuse): le vertige de ses répétitions vocales et gestuelles rapproche son travail d'expériences de transe. Ce travail sur la répétition a sa source dans les philosophies et la culture orientales, qui ne séparent pas l'esprit du corps, la pensée du mouvement.




Meredith monk interprète "Hips Dance" avec Katie Geissinger, à Seattle, en 2005.

Trisha Brown, élève de Cunningham et de R.Dunn, rejoint la Côte Ouest en 1960, c'est elle qui a fondé le Judson Church Theater. Trisha multiplie les expériences: elle fait suspendre des danseurs au plafond qui;marchent alors perpendiculairement aux murs ("Walking on the wall"). Pour une autre pièce, "Man walking down side of building elle crée un procédé qui permet aux danseurs de descendre en marchant ", le long d'une façade d'un immeuble de six étages...Durant trois ans, elle explore un
concept de mouvement spécifique, "assemble les mouvements les uns après les autres sans aucun à priori". Ses premières pièces font aussi écho à l'architecture urbaine: elles sont présentées sur des toits, des murs extérieurs,...ces travaux se fondent sur la gestuelle minimaliste et austère. dont la musique est souvent absente...Plus tard elle articule des structures mathématiques et géométriques, parfois en incorporant la parole. Ensuite elle collaborera avec des plasticiens puis avec des musiciens, dans les années 80.Enfin Lucinda Childs (élève de Merce Cunningham) forme un couple artistique avec le compositeur Américain Phil Glass. Ses marches obstinées dessinent à terre des formes géométriques de plus en plus complexes, rappelant les figures de Danse Baroque. Son travail est axé sur l'observation et l' expérimentation originales des données de la perception du mouvement par le spectateur. Ces répétitions et ces variations subtiles exigent en effet une attention fine.
Ensemble ils créent "Einstein on The Beach", un opéra de 5 heures, dans lequel la Danse, la Musique et le Théâtre ne partagent que le découpage temporel. Sur la partition (musique répétitive), les chanteurs égrènent des mots et des chiffres tandis que les danseurs vont et viennent dans les fameuses marches obstinées.



"Available tension" , solo de danse créé en 2003 par Thomas Körtvélyessy sur la musique de Steve Reich ("Come Out") .
Geste improvisé qui doit être spatialement géométrique, répété en boucle. S'il y a une variation involontaire, elle devra être répétée, jusqu'à ce que les deviennent deviennent très différents. Le but est de communiquer l'énergie d'une façon très personnelle entre le public et le danseur.

2 commentaires:

Thomas Körtvélyessy a dit…

monsieur,

merci d'avoir choisi mon solo pour cette site. pour moi, "come out" a devenu un suggestion pour une minimalisme du XXIere siecle: situé entre la géometrie *souvent utilisée au minimalisme du XXeme siecle à creér simplicité structurelle) et la complexité organique, qui litteralement incorpore le hazard, en sentant des détailes cellulaires du corps vivant et ses zônes énérgetiques.

pour plus comprendre du aspect derrière j'ai fait des études profondes chez Elaine Summers (www.elainesummersdance.com), co-fondatrice du Judson Workshop original et son travaille Kinetic Awareness(tm) (www.kineticawarenesscenter.org).
Summers créait un oeuvre ou la mouvement était souvent minimale, extremement lent, mais improvisée et organique au base, especialement "Dance for Carola" du 1963 et "Energy Changes" du 1973.

une autre chorégraphe importante était Mary O'Donnell-Fulkerson (www.releasedance.com) et sa interpretation du Release, especialement sa utilisation du silence.

je vous souhaite beaucoup de successe avec votres études dans la future.


je vous emprie sincerement de pardonner moi mes erreurs dans ce texte avec la langage Française.

avec mes compliments sympathiques,
Thomas Körtvélyessy

www.realdancecompany.org

Anonyme a dit…

thank YOU. Now I can write your name under this video, I couldn't find it. I'm very proud you came. your work's really great and I could show my pupils what that kind of dance looks like. We studied "different trains" (reich) this year and children were very moved by the piece. Also "voice of the whale" by G. Crumb. I'll go and see everything. You can write in English here, I don't mind. By the way, I'm a woman ;-)
Anyway, Congratulations!