lundi 18 février 2008

Les grandes périodes de la carrière de Miles Davis

Les grandes périodes de la carrière de Miles Davis
Miles Davis était le "Picasso du Jazz," se renouvelant sans fin lui-même ainsi que son jeu dans sa quête musicale. Il fut un artiste qui défia (et méprisa) la catégorisation et pourtant il fut le pionnier et l’innovateur de plusieurs mouvements musicaux distincts et importants.

La période “Kind of blue”.
Miles & 'Trane - Kind Of Blue Period (1955-1961)
The Collaboration That Created the Greatest Jazz Album of All Time

Miles débuta sa collaboration chez Columbia Records en 55 avec 'Round About Midnight qui établit son premier quintette classique et le style Hard Bop. John Coltrane, découvert par Miles davis commença à développer une solide réputation parmi les musiciens.

Round Midnight (Stockhölm, 67)


Milestones (58) montrait la première utilisation par Davis des modes, et rejoint par Cannonball Adderly (saxo alto) le groupe devint un sextette puissant. Cet album introduit les premiers éléments de la musique modale. Dans l’album de Cannonball Adderly, il interprètait Autumn Leaves (les feuilles mortes).
Autumn leaves


Les sessions de 58 introduisirent Bill Evans dans le monde de Miles Davis et l’influence d’Evans fut évidente par rapport aux premières sessions.
L’attitude de Miles devint encore plus unicentrée et romantique et le résultat fut l’enregistrement de Kind of Blue (59), que beaucoup considèrent comme l’un des chefs d’oeuvres du Jazz. Album improvisé autour de trames qu’il avait composées. Le son était mis avant tout. Le riff de « So What » était en mode dorien (une grille de deux accords : Ré-Mi bémol)
So what


Someday My Prince will come amena Davis a un arrangement plus Funky avec Hank Mobley et Wynton Kelly rejoignant Paul Chambers et Jimmy Cobb. Coltrane fut rajouté au groupe pour l’enregistrement de deux titres.

La période “sketches of spain
Miles & Gil - Sketches Of Spain Period (1957-1968)
Like Minds — The Genius of Miles Davis & Gil Evans

Ces albums sont des exemples définitifs de la façon dont la voix de Miles davis était le catalyseur des orchestrations luxuriantes et sympathiques de Gil Evans.
Miles Ahead (57) fut la première production majeure dont Colombia se chargea au nom de Miles et la musique était puissante et excitante. Porgy and Bess (58) prolongea les efforts collaboratifs de Davis et Evans avec cet enregistrement illustre. Pour Porgy and Bess, Gil Evans apporta l’accompagnement à Miles davis qui permit à celui-ci d’être le « chanteur de chansons » que Gil voulait qu’il soit.
I love you Porgy


Sketches of Pain 59-60 (basé sur le « Concerto d’Aranjuez » pour guitare et orchestre de Rodrigo) fut le mélange de musique Jazz et Classique le plus réussi et créa pour Miles un son qu’il développa plus loin dans sa carrière. Quiet Nights était une tentative de définition du son Brésilien qui devenait à la mode au début des années 60. L’album a de très beaux moments, mais n’a pas survécu aux trois autres.
Sketches of pain : Concerto d’Aranjuez de Rodrigo


La deuxième grande période du Quintette
The Second Great Quintet Period (1965-1968)
Miles & His Disciples — Daring, Ferocious, Mysterious

Quand Miles rassembla Wayne Shorter, Herbie Hancock, Ron Carter et Tony Williams il avait un groupe qui était à cheval sur à la fois les traditions du Jazz et les nouvelles frontières avant-gardistes. Miles déclara avoir beaucoup appris à leur contact.
ESP (65) fut le premier enregistrement studio qui permit de capter l’interaction et le potentiel créatif que le groupe allait développer. Il reprenait des standards de Davis comme « My Funny Valentine ».
My Funny Valentine accompagné par Victor H. (High School Sophomore)



Miles Smiles (66) est l’un des meilleurs albums de Jazz de chambre que Miles a fait et la musique était audacieuse et féroce. Sorcerer et Nefertiti (67) sont de mytérieux albums qui ont capté le côté impressionniste du Quintette. Les deux albums furent enregistrés pendant les mois de Juin et Juillet 1967 et reflètent le groupe au cours de leur travail.
Miles In the Sky (68) mit l’accent sur le changement de cap que Miles cherchait en ajoutant le Piano électrique Fender Rhodes à son arsenal de son aussi bien que l’incorporation du Funk dans la palette rythmique du groupe. Ce groupe était l’un des plus influents du jazz. Le Complete Live at the Plugged Nickel capte le groupe en concert et les méthodes de travail sont montrées dans le coffret.

La période électrique
The Electric Period - Rock, Fusion, Funk (1968-1972)
Miles Goes Electric — A Journey That Changed the Jazz World Forever

Une fois que Miles s’était engagé à faire évoluer sa musique, il entama une tournée qui changea le monde du Jazz à jamais. En 1968, il commença à utiliser exclusivement des claviers électriques et bientôt une basse et une guitare électriques, la percussion et la clarinette basse faisant leur entrée dans la façon mystérieuse de Miles d’utiliser la couleur musicale.
Water Babies était une collection de sessions qui sortit en 1976 – huit ans après leur enregistrement – et cela sonnait comme si c’était nouveau. Filles de Kilimandjaro (68) était un changement de cap qui définit l’intrusion de Miles dans le monde du Rock’n’Roll. In a Silent Way (69) fut un enregistrement important dans le sens où cela démontrait le bon côté de l’influence du Rock sur la musique de Miles.
In a silent Way (paris, 91)


Quoi qu’il en soit, Bitches Brew (70) fut l’album capital de Miles, qui se vendit à plus de 400 000 copies dès la première année de sa sortie. Toutes les stars majeures de la fusion des années 70 (John MacLaughlin et Joe Zawinul) apparaissent sur cet enregistrement et Miles connut le succès aussi bien que la controverse. Cet album est considéré par les critiques comme une grande cassure entre le Jazz traditionnel et la mutation du Jazz. Il montrait une approche plus ouverte de l’improvisation, et contient des collages d’extraits des prises de studio.
Bitches Brew


Il ajouta à son groupe des sitars et des tablas. Les titres issus de ces séances («Great Expectations », « Orange Lady », « Lonely Fire » furent publiés en 74 dans l’album Big Fun. A partir de 70, il inclut l’influence du Funk (James Brown, Sly & the Family Stone).
Lonely Fire

A Tribute To Jack Johnson (70) est le seul album de Miles totalement influencé par le Rock et fut utilisé comme bande-son d’un documentaire sur le fameux boxeur. A l’occasion d’un enregistrement dans un club de Washington il embaucha Michael henderson ancien musicien de studio pour Motown et membre du groupe de Stevie Wonder. Son style Funky, basé sur des lignes répétitives influença Miles.
Live-Evil (71) était un mélange d’expériences en studio et d’un concert live de Washington, DC.
Live Evil, ca 71

Black Beauty et Live at Fillmore captèrent le groupe de Miles à son sommet de créativité et d’intensité alors que Miles repoussait les limites du Jazz et du Rock.
On The Corner (72) était une tentative de Miles d’atteindre le public de la jeunesse noire qui lui avait échappé. C’est un chef d’œuvre de Jazz-Funk. Miles utilisait la pédale wah-wah
pour distordre les sons de sa trompette. Celui-ci devint également un enregistrement très controversé à ce moment-là, mais qui est considéré aujourd’hui comme d’avant-garde, avec l’utilisation de doublage, de boucles, et de rythmes de danse intenses. La forme exposition du thème –soli- réexposition explosait. L’album reflètait une nouvelle approche constante de la musique (déstructuration-restructuration) et l’importance de l’improvisation.
On the corner (76)

In Concert, Dark Magus, Pangaea et Agharta (75) furent enregistrés en concert et représentèrent le groupe de Miles dans son aspect le plus abstrait et atmosphérique, avec l’usage de trois guitares et de longues improvisations. Get up with it fut le dernier enregistrement studio de Miles à paraître avant qu’il se retire de la scène en 1976, et contenait un hommage beau et entêtant à Duke Ellington.

Les derniers travaux
The Man With A Horn & Beyond — The Later Works
Miles On The Comeback

Quand Davis revint à une vie musicale active en 1980, il avait un nouveau groupe et un son qui était contemporain mais plus aussi abstrait. The Man with a Horn (81) est le premier enregistrement de cette période et permit à Miles de revenir sous les feux de la rampe. We want Miles (82) montra sa nouvelle tournée avec son groupe en concert et draina de nouveaux jeunes fans dans le monde de Miles grâce à cela. Il joua alors le rôle d’initiateur, de passeur qui permettrait à de nombreux amateurs de musique plus rock de découvrir la beauté d’un silence, d’une respiration au sein d’une harmonie gorgée d’émotions et d’énergie.
« Jean-Pierre » est l’ un de ces classiques.
Jean-Pierre


Decoy et You’re under Arrest (83 à 86) furent des albums studios qui montraient que Miles écoutait toujours la musique noire contemporaine et la rendait très personnellement. On y trouve des citations de Michael Jackson et de Cindy Lauper.

You’re under arrest


Aura fut le dernier grand enregistrement, qui utilisait un orchestre qui interprètait une suite écrite spécialement pour lui. Au contraire des autres enregistrements des années 80, Aura était un album à dominante acoustique qui rappelait des souvenirs du Miles des premières années aux oreilles de ses fans.
Le dernier album posthume, « Doo Bop » (92) fut une collaboration avec des musiciens de Hip Hop (section rythmique) et de rap (chant).
Doo Bop Song (92)


Quelques citations :
« Pourquoi jouer tant de notes alors qu’il suffit de jouer les plus belles ? »
« La véritable musique est le silence, les notes ne font qu’encadrer ce silence ».


Miles Davis était aussi peintre amateur. Les peintures de Miles davis ici.

3 commentaires:

Kinishao a dit…

Je vais encore dépenser de l'argent ... je voulais juste acheter ESP et le "Tribute to Jack Johnson", mais je crois que je vais ajoute "Aura" !

madame musique a dit…

oh oui! j'aime tous les styles qu'il a abordés aussi. je me suis vraiment régalée à faire ce post qui m'a pris beaucoup de temps. je suis contente que cela t'ait plu. c'est un magnifique musicien. merci d'avoir pris le temps de lire mon travail, kinishao.

Anonyme a dit…

Dans une interview pour la télé (dont je serais bien incapable de citer la référence précise car faudrait que je la retrouve au milieu de dizaine d'heures de bandes vidéo !) Miles disait quelque chose de ce genre : "Il m'arrive souvent de pratiquer mon instrument, tandis que ma trompette est posée à côté de moi".
Cette façon d'exprimer les choses, rejoint la notion de silence qui lui était chère mais aussi le fait que cet artiste avait un caractère très "mental", avec une sorte de regard global, pas à fond dans la situation mais avec une distance omniprésente qui lui a sans doute permis d'avoir ce talent de visionnaire.